Les automobilistes montréalais devront puiser un peu plus profondément dans leurs poches pour financer les transports en commun. Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a confirmé son intention de taxer les propriétaires de véhicule sur son territoire, comme l'a révélé La Presse hier.

La taxe sera ajoutée aux droits d'immatriculation de 30$ qui existent déjà, mais le maire n'a pas voulu la chiffrer avant la présentation du budget, attendu ce mois-ci. Ce matin, en entrevue avec Paul Arcand sur les ondes du 98,5 FM, il a toutefois précisé que la hausse serait inférieure à 50$. «Idéalement», elle entrerait en vigueur dès le 1er janvier 2011.

«Je fais ce geste dans l'intérêt des automobilistes, mais également dans celui des utilisateurs des transports en commun, a expliqué Gérald Tremblay hier en point de presse. Parce que si on améliore les transports en commun, des automobilistes vont faire le choix de les utiliser et ça va réduire la congestion.»

«On dit aux automobilistes: «Vous voulez utiliser votre voiture? Ça va vous coûter un peu plus cher, mais il y aura moins de trafic.»»

La mesure touchera tous les automobilistes montréalais à des degrés différents. La taxe sera établie en fonction des émissions de gaz carbonique, a laissé entendre le maire. Ainsi, le propriétaire d'une voiture hybride ou électrique paiera moins cher. Les chauffeurs de taxi, «qui favorisent les transports en commun», pourraient aussi payer moins cher.

Gérald Tremblay est convaincu qu'il ne peut trouver d'autres sources de revenu pour financer les coûts galopants des transports en commun. «Nous ne pouvons plus augmenter l'impôt foncier», a-t-il dit.

Sursis en banlieue

La Ville de Montréal a obtenu le droit de taxer la possession d'un véhicule grâce à la loi 22, adoptée en juin 2008. Elle peut le faire par le truchement de la Société de l'assurance automobile, qui délivre les plaques d'immatriculation sur la base de l'adresse de résidence des automobilistes.

Puisque les villes de banlieue et les villes liées n'ont pas ce droit, les automobilistes qui y résident ne seront pas touchés par cette mesure.

Cette disparité pourrait toutefois ne pas durer bien longtemps. Le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, a en effet confirmé hier qu'il avait reçu une demande formelle pour élargir ce droit de taxation à toute l'île de Montréal. La lettre, qu'il a reçue mercredi, est signée par Gérald Tremblay et le maire de Westmount, Peter Trent, qui agit au nom des villes liées de l'île de Montréal.

«Montréal a le droit de lever cette taxe, mais pas nous. Le reste de l'île n'a pas ce pouvoir, a déploré Peter Trent, aux côtés de Gérald Tremblay, hier. Nous croyons que c'est logique d'étendre ce droit à toute la région métropolitaine de Montréal. Les automobilistes doivent contribuer.»

Le ministre Lessard a semblé plutôt favorable à cette demande. S'il la rejette, les automobilistes pourraient payer des sommes différentes pour l'immatriculation de leur véhicule, selon qu'ils habitent à Montréal ou non. Les deux maires ont dit vouloir éviter cette situation.

Gérald Tremblay a émis le souhait de rencontrer ses homologues des couronnes nord et sud «le plus rapidement possible» pour les convaincre du bien-fondé d'une hausse des droits d'immatriculation.

Avec la collaboration de Denis Lessard à Québec