Dix-sept mois après le début de l'enquête du coroner, la mère de Fredy Villanueva croit encore que le profilage racial est à l'origine de la mort de son fils. Du même souffle, elle accuse les autorités de «cacher beaucoup de choses».



C'est ce que Lilian Villanueva a dit jeudi matin, à Montréal, lors d'une conférence de presse qui visait à annoncer une manifestation qui aura lieu demain à la mémoire des personnes mortes à l'issue d'une intervention policière.

La voix étranglée par les sanglots, Lilian Villanueva a affirmé que son fils avait été «assassiné sans aucun motif». «Son seul délit était d'être un jeune immigré. Il a été assassiné par profilage racial.»

«Je veux la justice, je veux que toute la vérité sorte parce qu'ils cachent beaucoup de choses», a-t-elle dit. Elle a qualifié d'«assassin» le policier qui a ouvert le feu sur son fils, lequel n'était qu'un «enfant innocent qui venait tout juste de sortir de l'adolescence».

«Il y a plusieurs choses que j'aimerais vous dire, mais ce n'est pas le bon moment. Je ne me sens pas bien. Je n'accepte pas la mort de son fils», a conclu Mme Villanueva avant de quitter la salle en larmes, sans répondre aux questions des médias.

Lilian Villanueva a assisté à plusieurs des 85 journées d'audiences qui ont eu lieu jusqu'à présent et entendu presque tous les témoins principaux à l'enquête du coroner sur les circonstances de la mort de son fils, Fredy Villanueva, abattu par l'agent Jean-Loup Lapointe à Montréal-Nord au mois d'août 2008.

Au terme de la conférence de presse, Jacqueline Perez, qui agit à titre de porte-parole de la famille Villanueva, s'est montrée critique envers le déroulement de l'enquête du coroner, qui ressemble selon elle à «un procès contre les victimes et contre les témoins».

«On a étalé la vie privée de tous les témoins, on a cherché toutes les plus petites fautes et on est allé encore plus loin», a dit Mme Perez.

Par contre, Jacqueline Perez ne remet pas en cause l'impartialité du coroner André Perreault ni les recommandations qu'il fera au terme de l'enquête. Elle salue aussi le fait que ses travaux ont permis d'entendre la version des jeunes témoins.

Manifestation

La marche à la mémoire des personnes mortes lors d'une intervention policière aura lieu demain à Montréal. Les participants se réuniront à 12h30 à l'angle de la rue Guy et du boulevard De Maisonneuve et marcheront jusqu'au quartier général de la police de Montréal, rue Saint-Urbain.

Aujourd'hui, entre 16h et 18h, les proches des victimes tiendront également une manifestation silencieuse devant les bureaux de la Fraternité des policiers, rue Gilford à Montréal.

«Nous nous réunirons pour demander justice et en mémoire des disparus», a déclaré Francienne Registre, soeur de Quilem Registre, 39 ans, mort après avoir été atteint par six décharges de pistolet électrique en 2007.