L'implantation d'un Service rapide par bus (SRB) sur le boulevard Pie-IX, dans l'est de Montréal, et sur l'autoroute 25, à Laval, coûtera au moins deux fois plus cher que le prix estimé en décembre dernier, selon les plus récentes prévisions de l'Agence métropolitaine de transport (AMT).

La mise sur pied de cette «autoroute d'autobus» entre Montréal et Laval va coûter au moins 305 millions de dollars, soit presque le double des 154 millions évoqués par l'ex-ministre des Transports, Julie Boulet, lors de l'annonce du projet.

Les coûts présentés alors ne comprenaient pas la portion lavalloise, qui gonfle la facture de 125 millions de dollars, selon des données fournies cette semaine à La Presse. Ce budget inclut aussi une provision pour imprévus de 26 millions.

Le SRB roulera sur des voies exclusives et pourrait attirer jusqu'à 70 000 passagers par jour, selon les prévisions les plus optimistes. Cela représente environ 5000 clients quotidiens de plus que tout le réseau des trains de banlieue.

L'AMT, une agence provinciale, sera le maître d'oeuvre du SRB Pie-IX, dont la Société de transport de Montréal (STM) assurera l'exploitation.

Un vieux rêve

Après les années de tâtonnements et d'études qui ont suivi la fermeture «temporaire» des voies réservées à l'Express Pie-IX il y a huit ans, le SRB rétablira donc un service rapide dans l'un des axes les plus passants de Montréal.

L'Express Pie-IX assurait le transport rapide d'environ 8000 passagers par jour, aux heures de pointe seulement, en empruntant la voie centrale du boulevard à contresens. Après une série d'accidents mortels impliquant des piétons et des cyclistes, le service fut interrompu en juin 2002.

Un rapport du coroner avait suggéré la reprise du service moyennant la mise en place de mesures de sécurité, mais les abribus qui occupent toujours l'îlot central du boulevard sont restés inutilisés depuis, malgré les plaintes et demandes répétées de groupes d'usagers et de promoteurs des transports collectifs.

Réaménagement complet

Le nouveau SRB fonctionnera d'une manière complètement différente. Le service occupera en permanence les deux voies centrales du boulevard Pie-IX, ce qui aura pour effet de retrancher le tiers des voies de cette grande artère, utilisée par environ 60 000 véhicules par jour.

De plus, des îlots sécuritaires seront aménagés pour les usagers, de part et d'autre du couloir, au lieu d'un seul îlot au centre du boulevard, comme c'est actuellement le cas.

Cette configuration entraînera un réaménagement complet de l'artère sur 10 km, entre le boulevard Henri-Bourassa et la rue Notre-Dame. Les îlots d'embarquements réduiront la largeur des voies destinées aux automobiles; des carrefours devront être élargis, notamment pour permettre aux camions de tourner. La permanence du corridor obligera aussi des arrondissements à restreindre le stationnement sur rue dans les secteurs résidentiels.

Au sud de la rue Sherbrooke, l'étroitesse du boulevard forcera également les promoteurs à aménager le couloir d'autobus en rive, le long de la chaîne de trottoir.

Quatre stationnements incitatifs

Dans la portion lavalloise, d'environ 5 km, l'implantation du SRB sera moins complexe puisqu'il empruntera, pour une bonne part, l'emprise de l'autoroute 25. Les autobus passeront par le pont Pie-IX et devraient rouler au centre de l'autoroute. Ce parcours comptera quand même son lot d'embûches. De nouvelles structures devront notamment être construites pour «insérer» le corridor au centre de l'emprise.

Le projet prévoit l'aménagement de quatre stationnements incitatifs (A-25, montée Saint-François/A-440 et boulevards Lite et Concorde).

À hauteur du boulevard Lite, le couloir devra être étagé à cause de la voie ferrée.

Le coût d'aménagement du tracé lavallois est estimé à 125 millions de dollars.