Deux mois après avoir imposé des compressions de 9 millions de dollars aux arrondissements, l'administration Tremblay leur verse 12 millions pour les aider à livrer des services à la population. La mesure, annoncée par le maire, hier, prévoit l'instauration d'une formule de péréquation pour aplanir les disparités entre les arrondissements.

La ville centre a réparti l'enveloppe de 12 millions selon trois critères: les dépenses liées au déneigement, celles qui sont liées à la présence de familles et celles qui découlent de l'afflux quotidien de visiteurs. La somme que recevra chaque arrondissement variera donc en fonction du nombre d'écoles sur son territoire, de la quantité de familles avec enfants, et du nombre de personnes venant de l'extérieur qui y transitent chaque jour.

Nouveau calcul de péréquation

Près du quart de la nouvelle enveloppe, 2,5 millions, sera réparti selon un nouveau calcul de péréquation. La Ville tiendra compte d'une variété de facteurs tels que le nombre de kilomètres de routes et de trottoirs ainsi que la santé financière de chaque arrondissement avant de décider de chaque transfert.

«Les plus riches donnent aux moins riches pour qu'on n'ait plus cette disparité de financement», a expliqué le maire Gérald Tremblay.

Parmi les grands gagnants du transfert, on retrouve Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce (1,5 million), Ahuntsic-Cartierville (1,4 million), Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension (1,3 million) et Rosemont-La Petite Patrie (1,2 million).

Trois arrondissements ne recevront pas un cent de la ville centre, soit Saint-Laurent, Outremont et le Sud-Ouest.

Même si les transferts sont calculés en fonction de critères très précis, les arrondissements ne seront pas obligés d'investir l'argent frais dans le déneigement et les services aux familles. Ils pourront en disposer de la manière dont ils voudront, a assuré le responsable des finances au comité exécutif, Alan DeSousa.

«Il n'y a pas d'attache», a-t-il résumé.

La somme de 12 millions pour aider les arrondissements avait déjà été annoncée en janvier, lorsque le maire a dévoilé son budget. Mais en juillet, la Ville a surpris ses 19 arrondissements en leur demandant un plan de compressions équivalent à 1% de leur budget. C'est pourquoi les partis de l'opposition ne sont guère impressionnés par la mesure.

«On nous a enlevé de l'argent d'un côté pour nous le redonner de l'autre», a raillé Anie Samson, mairesse de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension.

Son parti, Vision Montréal se dit heureux que l'administration Tremblay reconnaisse la disparité entre les arrondissements. Mais il estime que l'annonce d'hier ne règle en rien ce problème, qu'il décrie depuis les fusions municipales.

«Ils ont enlevé 9 millions il y a deux mois à peine, a pour sa part indiqué Peter McQueen, conseiller de Projet Montréal. Alors les 12 millions qu'ils annoncent, c'est seulement 3 millions de plus qu'auparavant. Ce n'est pas grand-chose.»