Les adversaires de la construction d'un resto-bar sportif de 940 places rue Sainte-Catherine portent plainte au Directeur général des élections (DGEQ) pour contester la pétition déposée par le promoteur Peter Sergakis, qui a annulé un référendum sur le projet controversé.

Une part importante des 1800 signatures recueillies par M. Sergakis serait invalide, ont affirmé les représentants des plaignants, hier soir, à la séance du conseil de l'arrondissement de Ville-Marie.

«Jusqu'à maintenant, des personnes qui ont fait du porte-à-porte ont trouvé que 64% des signataires étaient non qualifiés comme électeurs ou qu'ils ont signé sous de fausses représentations», a affirmé André Jude, vice-président d'Ashkenazy Acquisition Corporation, une société qui possède plusieurs immeubles commerciaux rue Sainte-Catherine, y comprit le Forum Pepsi.

Peter Sergakis possède la Station des sports et La Boîte à karaoké, à l'angle des rues Sainte-Catherine et du Fort. Il souhaite agrandir ces deux commerces pour former un complexe de 1112 m2 qui occupera la moitié d'un pâté de maisons et qui comprendra une terrasse.

Des résidants de l'ouest du centre-ville et des commerçants ont décrié le projet, craignant la construction d'un «mégabar» dans leur quartier. M. Sergakis a toujours maintenu que ces critiques sont exagérées, puisque son commerce sera un restaurant sportif, à l'image de la Cage aux sports.

Les opposants, qui avaient recueilli 500 signatures, voulaient se rendre au bureau de l'arrondissement à la fin du mois d'août, afin de provoquer un référendum sur le projet. Mais M. Sergakis les a pris de court, la veille, lorsqu'il a produit une pétition de 1800 noms en faveur du projet.

Puisque 2800 résidants étaient jugés aptes à voter sur le projet, le référendum a été présumé gagné par M. Sergakis. Il a donc été annulé.

Le maire interpelle Québec

Le maire Gérald Tremblay, qui est aussi maire de Ville-Marie, a écrit au ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, pour lui demander de modifier la loi afin d'empêcher des promoteurs de court-circuiter des référendums populaires.

«La loi doit être modifiée, a-t-il affirmé à la séance du conseil. Vous ne pouvez demander à des citoyens opposés à un projet d'attendre une date spécifique pour se présenter à l'arrondissement et signer un registre, tandis qu'on permet aux promoteurs de recueillir des signatures pendant plusieurs semaines.»