Deux ans après son adoption, la mise en oeuvre du Plan de transport de Montréal avance à pas de tortue en raison de moyens financiers insuffisants et de retards dans la réalisation de projets d'envergure comme la modernisation de la rue Notre-Dame et le renouvellement des voitures du métro.

Le deuxième bilan de la mise en oeuvre du Plan de transport, produit par la Direction des transports de la métropole, estime à 10% l'état d'avancement des 21 chantiers du Plan de transport depuis 2008.

Selon le document, Montréal a investi, en 2009, un total de 616 millions de dollars dans des projets de transports, dont le quart (153 millions) dans des chantiers du Plan de transport. L'amélioration des réseaux d'autobus et du métro de la Société de transport de Montréal (STM), financés en partie par le gouvernement du Québec, a reçu la majeure partie des investissements liés au Plan (102 millions).

Investissements de 88 millions

Les investissements combinés de la Ville dans ces projets ont atteint 88 millions durant cette période, en forte hausse par rapport à 2008 (58 millions). Ils ne représentent toutefois que 35% des 240 millions par année qui seraient nécessaires pour mener à bien les 21 chantiers prévus dans le Plan de transport en 10 ans.

Le déploiement du Bixi et la réduction de la vitesse à 40 km/h dans certaines rues font partie des mesures les plus «visibles» de la dernière année.

D'autres mesures sont moins spectaculaires: le réseau cyclable a été prolongé de 36 km à Montréal et de 13 km dans les autres municipalités de l'île. Une nouvelle taxe sur le stationnement, en vigueur depuis le début de 2010 au centre-ville, devrait rapporter annuellement 20 millions de dollars pour faire avancer d'autres mesures prévues au Plan.

Nouvelles taxes

Une entente entre les municipalités de la région métropolitaine a par ailleurs permis de combler le déficit structurel annuel qui grevait le budget de la STM depuis près de 10 ans, grâce aux revenus d'une taxe de 1,5 cent le litre sur l'essence vendue dans la métropole.

Les revenus de ces deux nouvelles taxes, qui totalisent environ 60 millions par année, constituent «des pas dans la bonne direction», selon Daniel Bouchard, responsable des dossiers de transport et de développement durable au Conseil régional de l'environnement (CRE) de Montréal.

Il constate toutefois que les grands projets de transports en commun (voitures du métro, tramways, voies réservées du boulevard Pie-IX) progressent toujours moins vite que ceux qui visent les routes, comme le réaménagement du rond-point Dorval. La Ville semble par ailleurs avoir écarté l'implantation d'une source de revenus importante comme le péage, ce qui la prive d'un moyen efficace de convaincre les automobilistes de changer leurs habitudes tout en finançant les projets majeurs de son Plan.

«Je pense quand même que la Ville de Montréal investit bien les sommes à sa disposition, conclut-il, et que les mentalités sont en train de changer quant à la façon d'aménager la ville. Quand un grand promoteur immobilier comme Devimco transforme un projet comme Griffintown pour le rendre plus piétonnier et moins commercial, c'est parce qu'il croit vraiment aux chances de succès du projet de tramway que la Ville veut y implanter. Il y a deux ans, on n'aurait pas vu ça.»