Le conseil municipal a avalisé la nomination de Marc Parent en tant que nouveau directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), lundi soir, après que des centaines de policiers eurent manifesté contre les coupes budgétaires.

«C'est un choix qui transcende toute partisanerie politique», a affirmé le maire Gérald Tremblay, sous le regard de M. Parent, qui était assis dans la tribune de l'hôtel de ville.

Le nouveau chef a été applaudi par tous les membres du conseil municipal après avoir été présenté par le maire. Comme prévu, les deux partis de l'opposition ont avalisé sa nomination.

Plus tôt en soirée, 900 agents de la force policière se sont massés devant l'hôtel de ville, selon le décompte de la Fraternité des policiers. Ils ont dénoncé bruyamment ce qu'ils estiment être des coupes budgétaires de 35 millions en deux ans dans le budget du SPVM, et la mise à pied de 140 policiers temporaires.

C'est le traitement des plaintes qui est ralenti en conséquence, affirme le président de la Fraternité, Yves Francoeur. Il affirme que des cas de fraude signalés au SPVM sont traités moins rapidement, une situation qui risque de faire avorter plusieurs enquêtes au cours des prochains mois.

«À la section des fraudes, il y a 1400 personnes ou compagnies qui ont porté plainte et dont le dossier n'est pas traité, faute de personnel», a affirmé le président de la Fraternité, Yves Francoeur.

Il affirme que la nomination de M. Parent, généralement bien reçue par les partis d'opposition, ne changera rien si la Ville n'accepte pas d'augmenter le financement du SPVM.

Le responsable de la sécurité publique au comité exécutif, Claude Trudel, n'a pas été en mesure de confirmer que 1400 enquêtes sur de possibles cas de fraude sont retardées. Mais il souligne que Montréal compte plus de policiers par habitant que Toronto et que plusieurs autres grandes villes. Et il a mis en garde la Fraternité contre les déclarations incendiaires dans le contexte de négociations collectives.

«Je dis à M. Francoeur qu'il doit faire attention aux mots qu'il emploie, a-t-il affirmé. Parce que jouer avec le sentiment de sécurité de la population, c'est dangereux.»

 

Mise en demeure

Le conseil a par ailleurs entériné une résolution qui retire un changement de règlement qui touche la conversion en condos du couvent Mont-Jésus-Marie. Cette résolution a pour effet d'annuler un référendum sur certains aspects du projet, notamment l'aménagement du stationnement.

L'administration Tremblay a donné son feu vert à la résolution en dépit d'une mise en demeure envoyée par les adversaires du projet. Ils menacent de s'adresser à la Cour supérieure si la Ville ne se rend pas à leurs arguments.

«Il y avait une attente légitime, de la part de ceux qui ont signé le registre, qu'il y aurait un référendum sur cette question, a affirmé l'un des opposants, l'ex-député Daniel Turp. Si ce règlement est adopté, le promoteur pourrait être autorisé à faire des changements, notamment au stationnement, sans obtenir l'aval des citoyens.»

Mais le maire Gérald Tremblay n'a guère été impressionné par la menace. Il dit avoir retiré le règlement qui aurait été soumis à un référendum, justement parce qu'il était contesté par des citoyens du quartier. D'ailleurs, la consultation aurait coûté 150 000$ à la municipalité.

«C'est répondre à la volonté clairement exprimée par les citoyens, a affirmé M. Tremblay. Et si jamais, pour une raison ou pour une autre, Me Julius Grey arrivait avec des procédures, à ce moment-là, elles seront très sérieusement contestées.»

Photo: Martin Chamberland, Archives La Presse

Le nouveau chef du SPVM, Marc Parent.