La ministre fédérale du Travail, Lisa Raitt, a convoqué l'Association des employeurs maritimes et le syndicat des débardeurs du Port de Montréal devant le Conseil canadien des relations industrielles, samedi prochain.

En attendant, les deux parties se rencontreront jeudi matin pour la première fois depuis le début du lock-out, dimanche dernier. La convention collective est échue depuis décembre 2008.

La ministre Raitt semble avoir entendu le Conseil du patronat du Québec (CPQ), qui lui a demandé d'exiger l'arrêt des moyens de pression. «Notre premier objectif, c'est que les parties trouvent une solution, a indiqué son président, Yves-Thomas Dorval. Mais si c'est impossible, la ministre devrait trouver une façon de forcer la reprise des activités.»

La ministre du Travail a expliqué dans un communiqué que le gouvernement doit «s'assurer que la santé et la sécurité des Canadiens ne sont pas menacées». Le syndicat, pour sa part, se montre méfiant: «Depuis le début, on dit que le conflit ressemble à une pièce de théâtre, a dit le porte-parole, Michel Murray. On pense que l'employeur a décrété un lock-out pour forcer le gouvernement à intervenir, peut-être avec une loi d'exception.»

Le CPQ dit ne pas privilégier le recours à une loi d'exception, sans toutefois s'y opposer. Selon M. Dorval, il y a urgence. «Le temps presse, a-t-il lancé en conférence de presse. Pour nous, ce n'est pas une question de semaines, c'est une question de jours ou même d'heures.»

Il estime que les pertes quotidiennes de ses membres se chiffrent «en millions». Le port de Montréal est le deuxième en importance au pays. Environ 90% des importations québécoises y transitent. Plusieurs entreprises disent déjà souffrir du conflit. AbitibiBowater, qui espère sortir de la protection des tribunaux l'automne prochain, juge la situation «très préoccupante». «On n'avait pas besoin de cela, a dit son porte-parole, Jean-Philippe Côté. Si ça se prolonge, on pourrait devoir fermer des usines, avec les mises à pied que ça implique. Mais j'insiste, nous n'en sommes pas encore là.»

Inquiétude chez Cascades

Du côté de Cascades, on attend une machine, bloquée au port, pour poursuivre un projet de 25 millions de dollars dans lequel 8 millions sont déjà investis. Les travaux doivent commencer au début d'août pour une mise en marche l'hiver prochain. «Si la pièce maîtresse n'est pas acheminée à temps, tout devra être retardé», a déploré le vice-président aux communications et affaires publiques de Cascades, Hubert Bolduc.

Les PME sont aussi touchées. Dutal, importateur et distributeur de parfums, attend son nouvel arrivage, coincé au port. «Cela pourrait retarder nos lancements», s'inquiète le président de l'entreprise de 35 employés, Alain Quintal. Il craint de perdre plus de 100 000$ par semaine en ventes.

L'Association des employeurs maritimes (AEM) confirme qu'elle aurait le droit d'employer des briseurs de grève. «Mais ça ne figure pas dans nos plans», a assuré son porte-parole, Gilles Corriveau. Il faudrait au moins 120 heures pour former un nouvel employé.

La ministre Raitt a refusé de nous accorder un entretien.