À part pour la distribution de contraventions, «où c'est rendu que les policiers se disputent les meilleurs spots», la Fraternité des policiers de Montréal dénonce un manque flagrant d'effectifs.

Cela fait quelques années déjà que les policiers «ont le moral dans les talons, qu'ils sont tannés de se faire dire que la priorité est donnée aux contraventions au détriment de la prévention et de la lutte contre la criminalité», a déclaré en entrevue téléphonique Yves Francoeur, président de la Fraternité, syndicat des policiers du Service de police de la Ville de Montréal.

M. Francoeur commentait ainsi l'article publié dans La Presse, le 11 juin dernier, au sujet des délais dans le traitement des plaintes pour agression sexuelle.

Le Service de police de la Ville de Montréal avait alors attribué ces retards, notamment, à l'augmentation du nombre de plaintes pour agression sexuelle et au remue-ménage en cours dans ses rangs.

«Par souci d'économie, dit M. Francoeur, on a fusionné les services des agressions sexuelles et des homicides. Ça ne fait pas l'affaire de nos gens.»

Au surplus, dit-il, il y a actuellement 15 enquêteurs de moins aux agressions sexuelles et aux homicides en raison d'un jeu de chaises musicales entre les services.

En outre, depuis le début de 2009, 70 policiers sont partis à la retraite et au moins autant de départs sont prévus cette année.

Bien sûr, on a ajouté 133 policiers à la circulation, mais ailleurs, «c'est la gestion sans fin de la décroissance», dit M. Francoeur.

Moins d'effectifs, cinq meurtres de plus cette année et plus de responsabilités de façon générale, ajoute-t-il.

Nouvelles affectations

Il y a désormais 115 policiers dans le métro - «alors qu'avant on y allait seulement sur appel ou quand on avait le temps», et 36 travaillent en permanence à l'aéroport (ce qui n'était pas le cas avant).

À la cybercriminalité, il faudrait tripler ou quadrupler les effectifs pour combattre sérieusement la vente d'armes à feu et de stupéfiants et la pédophilie sur le web, dit-il encore.

Bref, M. Francoeur le répète: les policiers sont débordés et le manque d'effectifs est généralisé.

Sauf aux contraventions?

«Je suis obligé de vous dire que je suis d'accord avec vous», dit M. Francoeur. Il note au passage qu'il a dû à plusieurs reprises contester la pression exercée sur les agents pour qu'ils donnent toujours plus de contraventions et reçoivent «de meilleures évaluations».

La direction du SPVM a confirmé la semaine dernière qu'il y a des délais dans le traitement des plaintes pour agression sexuelle et la question a été soulevée à l'Assemblée nationale.

Au cabinet du ministre de la Sécurité publique, Jacques Dupuis, on n'a pas souhaité, vendredi, commenter les propos de M. Francoeur.

À noter que le Service de police de la Ville de Montréal, dans le but de s'autofinancer autant que possible, commercialise son expertise et loue les services des policiers pour diverses activités.