Depuis quatre ans, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a fait l'objet de 250 plaintes en déontologie concernant la discrimination ou le profilage racial, mais aucun policier n'a été sanctionné.

Selon les données qu'a obtenues La Presse, le Commissaire à la déontologie policière reçoit en moyenne 60 plaintes par année alléguant qu'un policier du SPVM a fait du profilage. L'institution compile ces statistiques depuis 2006-2007.

 

«Depuis quatre ans, il n'y a pas eu de décision où on a reconnu qu'un policier montréalais avait fait du profilage racial», a indiqué Me Louise Letarte, porte-parole du Commissaire à la déontologie policière.

Seulement deux plaintes se sont rendues devant Comité de déontologie policière, le tribunal chargé de les traiter. Dans les deux cas, le Comité a rendu une décision favorable au policier.

La plupart des plaintes se règlent en conciliation, a indiqué hier le directeur adjoint du SPVM, Denis Desroches. «Les deux parties ont la chance de s'exprimer sur la façon dont elles ont vécu l'événement, a-t-il expliqué. Souvent, ça finit par une poignée de main.»

Mémoire

Par ailleurs, la Ville de Montréal a présenté un mémoire hier à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse dans le cadre de la consultation publique sur le profilage racial.

Dans le document, la Ville prend fermement position contre toute forme de profilage racial. En 2004, son service de police s'est d'ailleurs doté d'une politique pour interdire cette pratique.

Devant la Commission, Denis Desroches a détaillé les stratégies de la direction pour contrer la discrimination raciale.

Jour d'apprentissage

En 2007, le SPVM a décidé d'offrir une formation d'un jour sur le profilage racial à tous ses policiers, a rappelé M. Desroches. À ce jour, 92% du personnel l'ont suivie.

«Ça donne des guides très clairs aux policiers, a-t-il expliqué à La Presse. Ils apprennent à déceler les filtres qui peuvent jouer dans leur intervention afin d'agir en fonction des comportements des individus, et non de leur apparence.»

La direction du SPVM surveille également les plaintes qu'elle reçoit. Lorsqu'un policier en reçoit trois en 400 jours, ses supérieurs le rencontrent.

Malgré tout, Denis Desroches reconnaît qu'il peut y avoir des cas de profilage racial, mais les policiers n'ont aucune «mauvaise foi», a-t-il dit. «Je pense qu'il faut humblement dire que, à l'occasion, il peut arriver qu'un policier dise: «Cette intervention, peut-être que je la ferais différemment»», a-t-il conclu.