Daisy Sivurapik, 17 ans, est allée visiter sa tante hier après-midi au centre d'hébergement du Module du Nord québécois, dans le quartier Notre-Dame-de-Grâce.

Le Module du Nord québécois est l'organisme qui coordonne les sept centres inuits qui pourraient être regroupés dans un seul et unique immeuble du quartier Villeray.

 

La tante de Daisy, Lucy, habite au village de Puvirnituq, au Nunavik. Elle doit venir à Montréal pour les suivis de sa grossesse. Entre ses visites à l'hôpital, elle réside au centre d'hébergement de NDG, rue Saint-Jacques Ouest.

Daisy Sivurapik ne comprend pas la levée de boucliers de certains résidants de Villeray, qui redoutent l'impact négatif de l'ouverture d'un tel centre dans leur quartier.

«Ce sont des gens qui viennent se faire soigner, c'est tout», a dit la souriante jeune fille, avant d'entrer dans le centre.

Daisy n'est pas la seule à penser ainsi. La plupart des résidants de NDG interrogés hier n'avaient aucun problème avec la présence du centre, qui est situé dans un quartier commercial et résidentiel.

«Les patients sont très discrets et sont presque toujours à l'intérieur», a souligné Meran Momenpour, gérant d'un concessionnaire d'autos d'occasion situé en face du centre.

«Ce sont de bons voisins, a ajouté Kelly Paneccia. Parfois, on les voit marcher ivres dans la rue, mais ils sont de bonne humeur.»

Abdul Alshamari, qui habite l'immeuble adjacent, est plus critique. «Le problème, c'est la consommation intense d'alcool», a dit le locataire de 20 ans.

M. Alshamari affirme trouver fréquemment des bouteilles de bière sur son terrain. Il dit avoir été témoin de bagarres impliquant des visiteurs inuits.

«Entraînés dans le crime»

Certains patients ont été «entraînés dans le crime» au centre d'hébergement de NDG, a convenu hier Jeannie May, directrice de l'agence de santé et des services sociaux du Nunavik.

«Le quartier a entraîné beaucoup de problèmes pour les patients, a-t-elle dit. On y trouve beaucoup d'activité criminelle qui existe indépendamment de la présence des Inuits dans le centre.»

D'ailleurs, a souligné Mme May, la criminalité dans NDG est l'une des raisons qui incitent les autorités du Nunavik à chercher un nouvel emplacement pour le centre. Le bail vient également à échéance, a-t-elle indiqué.

«J'aurais cru qu'on faisait une fleur au quartier Villeray en disant que nous voulons déplacer notre centre dans un quartier sécuritaire pour les patients», a conclu Jeannie May, qui se désole de la réaction des résidants.