Gérald Tremblay a dit hier que le rapport du vérificateur général ne lui avait rien appris. Il soutient que la Ville a alerté la police bien avant Jacques Bergeron, dès qu'elle a été informée des irrégularités qui entachaient le contrat confié à la firme TELUS pour la rénovation du système téléphonique de la Ville.

Le maire n'était pas encore revenu de Shanghai, mardi, lorsque le vérificateur général a présenté son rapport annuel, dans lequel il expose les détails du dérapage qui a suivi l'attribution du contrat de 100 millions à TELUS. Dans sa première déclaration publique depuis la publication du rapport, le maire a affirmé qu'il était bien au courant des problèmes liés au déploiement du réseau téléphonique.«C'est essentiellement un rapport qui rend publiques des informations qui étaient disponibles et dont j'avais connaissance depuis de nombreux mois», a-t-il affirmé.

Le maire dit avoir placé le dossier TELUS sous «haute surveillance» l'année dernière. Il souligne que c'est une enquête interne sur la division du service informatique (DSI) qui avait mené à l'arrestation et à l'inculpation d'un ex-fonctionnaire pour fraude.

Gilles Parent, le fonctionnaire en question, faisait partie du groupe restreint de trois personnes qui a piloté la préparation de l'appel d'offres remporté par TELUS. Jacques Bergeron a révélé mardi que les experts en téléphonie et en informatique de la Ville ont à peine été consultés, voire carrément écartés du dossier.

«Le vérificateur n'invente absolument rien, a affirmé le maire Tremblay. C'est moi qui ai demandé au service du capital humain d'appeler la Sûreté du Québec. La SQ a fait son enquête, elle a même déposé des accusations au criminel contre les personnes responsables, et en plus il y a eu des sanctions à l'interne.»

Harel sceptique

La chef de l'opposition, Louise Harel, s'est montrée sceptique: «Chaque fois qu'il y a un rapport, il semble toujours, après le rapport, avoir tout su, alors que sa fonction l'obligerait plutôt à savoir avant pour ne pas qu'il y ait de rapport», a-t-elle raillé.

L'opposition a par ailleurs critiqué le maire, qui s'est porté à la défense du directeur général Louis Roquet. Le premier fonctionnaire de la Ville essuie les critiques depuis une semaine pour avoir remis à TELUS le rapport du vérificateur avant que le conseil municipal n'en soit saisi.

Le maire n'entend pas sanctionner Louis Roquet. «Il a agi de bonne foi et il a toute ma confiance», a-t-il répété plusieurs fois au cours de la conférence de presse.

Il ne compte pas se rendre non plus aux demandes de l'opposition, qui réclame que M. Roquet quitte les fonctions rémunérées qu'il occupe dans le secteur privé.

«Même si M. Roquet a agi de bonne foi, il a quand même commis une erreur, a déploré le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. Et quant à nous, ce pas supplémentaire n'étant pas fait par le maire, ça mine la crédibilité à la fois du maire et du directeur général, d'autant plus que celui-ci semble nier qu'il ait commis une erreur.»

Le maire Tremblay a par ailleurs répondu aux critiques de son homologue de Québec, Régis Labeaume, qui a affirmé la semaine dernière que les scandales qui ébranlent la mairie de Montréal minent la crédibilité des élus municipaux partout au Québec. M. Tremblay souligne qu'il a fait des «gestes concrets» pour restaurer la confiance des électeurs.

«Ça se passe partout au Québec, a-t-il ajouté. Ça ne se passe pas seulement à Montréal.»