Le conseil d'agglomération de Montréal doit voter aujourd'hui pour l'attribution d'un contrat de 700 000 $ pour des travaux de restauration de la croix du mont Royal. Et ce, même si la firme qui a remporté l'appel d'offres a déposé une soumission presque deux fois supérieure aux estimations de la Ville, a appris La Presse.

Les élus du Grand Montréal devraient avaliser aujourd'hui le contrat de 587 000 $ aux Entreprises Ventec, auxquels s'ajoute une somme d'un peu plus de 113 000 $ pour couvrir les taxes et les dépenses accessoires. La firme doit en outre bâtir une clôture en acier pour entourer la croix illuminée. Ces travaux font partie de la troisième phase de la restauration de ce monument, entamée en 2006.

Il y a deux ans, la Ville a lancé un appel d'offres pour la construction de ces ouvrages d'acier, la restauration de la maçonnerie sur la base de la croix et l'aménagement paysager. Mais les soumissions qu'elle a reçues à l'époque étaient deux fois plus élevées que l'estimation préparée par le consultant Géniplus, firme qui agit à titre de maître d'oeuvre du projet.

Déçue du résultat, la Ville a rejeté les propositions en bloc pour retourner en appel d'offres. Cette fois, elle a scindé l'appel d'offres en trois lots pour inciter de petites firmes à soumissionner. Mais encore là, seulement deux entreprises ont présenté des offres pour la réalisation des ouvrages d'acier.

Le plus bas soumissionnaire, Ventec, a déposé une offre de 587 000 $. Géniplus, gestionnaire du projet, prévoyait que les travaux ne dépasseraient pas 340 000 $.

Le responsable du dossier à la direction des parcs, Michel Devoix, affirme que la division de l'appel d'offres visait à attirer les soumissions de petits artisans spécialisés dans le travail de l'acier. Mais aucune des petites entreprises sollicitées n'a répondu à l'appel. Seuls des entrepreneurs généraux ont postulé.

«C'est frustrant dans le sens qu'on essaie d'ouvrir le marché et d'amener de la concurrence, convient M. Devoix. Il faut croire que dans certains contextes, comme celui de la croix, les écueils étaient considérables.»

Il croit que la complexité du terrain, placé tout en haut de la montagne, a pu rebuter de petites entreprises qui ne pourraient se permettre de risquer des dépassements de coûts.

En mars, la Ville a obtenu l'avis d'une seconde entreprise spécialisée dans les ouvrages d'acier, Sofab. D'après ses calculs, les travaux pourraient être faits pour environ 300 000 $.

Cette estimation ne tenait toutefois pas compte des frais d'administration et des taxes, qui auraient porté cette facture à plus de 375 000 $, souligne Michel Devoix. La Ville a donc accepté la proposition de Ventec même si elle dépassait largement les deux estimations qu'elle avait en main.

«Nous nous sommes demandé si nous aurions eu un meilleur prix en retournant en appel d'offres, explique-t-il. La réponse est non.»

«Indécent», dit l'opposition

L'opposition à l'hôtel de ville s'étonne que la Ville décide d'accorder le contrat. D'autant plus que ce n'est pas le premier depuis le début des travaux sur la croix du mont Royal.

Le conseiller Alex Norris, de Projet Montréal, souligne que les honoraires de Géniplus, entreprise qui supervise les travaux, sont passés de 162 500 $ à 410 500 $ depuis le lancement du projet.

«Il y a eu non seulement une évaluation indépendante, mais bien deux qui indiquent que le prix de cet acier devrait être autour de 350 000 $, souligne-t-il. Or, on s'apprête à payer le double. C'est carrément indécent.» Le parti compte demander à la Ville de retirer le dossier de l'ordre du jour pour qu'il soit de nouveau étudié par le comité exécutif.

Les Entreprises Ventec n'ont pas rappelé La Presse.