Un vice de construction dans un immeuble datant de 1986 oblige l'Office municipal d'habitation de Montréal (OMHM) à entreprendre des travaux de 5 millions et à relocaliser les 70 locataires d'un HLM de la rue Berri, dans l'arrondissement Ahuntsic-Cartierville.

Les habitations Crémazie, un édifice de brique de huit étages situé rue Berri, juste au nord de Crémazie, ne montre aucun signe de faiblesse au premier coup d'oeil. Mais les tiges d'acier vissées sur la façade ouest témoignent d'une grave anomalie : elles servent à retenir la brique, qui menace de s'effondrer.

La directrice des communications de l'OMHM, Louise Hébert, affirme que le problème a été découvert l'été dernier, lors de travaux de réfection des balcons.

«On est face à un désordre majeur, a-t-elle convenu. Il y a eu un problème quand l'immeuble a été construit. La façon dont les briques ont été retenues à l'immeuble, ça n'a pas été fait correctement.»

Des cornières qui doivent soutenir le poids des briques à chaque étage de l'immeuble ont été mal posées lors de la construction, explique Mme Hébert. Puisque les briques des étages médians supportent un poids beaucoup trop lourd, elles se décollent de la structure et le mur commence à ballonner. Sans mesures correctives, la maçonnerie aurait pu s'écrouler en cas de tremblement de terre.

L'Office doit allonger 5 millions pour reconstruire de haut en bas la façade de l'immeuble. La maçonnerie doit être retirée pour permettre la pose de nouvelles cornières. Les travaux engendreront un vacarme considérable et beaucoup de poussière. Les occupants de l'immeuble doivent donc déménager pour toute la durée du projet, soit près de deux ans.

L'immeuble compte 72 logements et 68 sont occupés, en grande majorité par des personnes âgées. D'ici décembre, l'OMHM va fournir un nouvel appartement à chacun des locataires, qui recevront aussi une allocation pour couvrir leurs frais de déménagement.

Malgré tout, les locataires rencontrés sur les lieux se sont dits inquiets du projet. Ils craignent de quitter leur immeuble, conçu par l'architecte Dan S. Hanganu, pour se retrouver dans un logement moins propre.

«Ça me brise le coeur, a indiqué une locataire rencontrée sur les lieux hier. J'habite ici depuis six ans et je suis chez moi.»

L'OMHM tente d'établir qui est responsable de ce vice de construction.

«On n'est pas prêts à porter des accusations contre qui que ce soit pour le moment, a expliqué Louise Hébert. On regarde pour voir quelle est la responsabilité professionnelle à ce niveau, parce qu'il y a un important vice de construction.»

L'immeuble a été bâti par une firme de Montréal-Nord, les Constructions Samig, a indiqué la porte-parole. Aucune entreprise de ce nom ne figure au Registraire des entreprises du Québec. La Presse a contacté les Entreprises Samig, une firme de construction de Saint-Laurent, hier. Un employé a affirmé que la compagnie n'était pas impliquée dans la construction des habitations Crémazie.