Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) perd son chef, quelques mois à peine après que l'administration Tremblay eut prolongé son contrat jusqu'en 2013. Le directeur Yvan Delorme a annoncé lundi qu'il partira à la retraite en septembre.

Par voie de communiqué, il a remercié le maire Gérald Tremblay et l'ensemble du personnel de la force policière pour leur soutien, sans toutefois préciser les motifs de son départ.

Un peu plus tôt, M. Delorme, 47 ans, a rencontré son état-major pour annoncer sa décision. Devant quelque 125 cadres, il a confié que le moment était opportun pour tirer sa révérence. Il a en outre souligné l'amélioration du bilan routier et la baisse de la criminalité dans l'île.

Il a par ailleurs expliqué qu'il préférait laisser son successeur pourvoir les nombreux postes qui se libéreront sous peu. Dans les prochains mois, une dizaine d'officiers de haut rang prendront leur retraite, ce qui provoquera un important remue-ménage au sein de la direction.

Il a assuré à ses collègues qu'il n'avait reçu aucune autre offre et qu'il n'est pas à la recherche d'un emploi non plus. Il souhaiterait consacrer plus de temps à ses loisirs, comme la voile et la plongée sous-marine.

B.C.I.A

Son départ survient au moment où deux de ses cadres, Jimmy Cacchione et Giovanni Diféo, sont montrés du doigt pour avoir aidé des policiers de la Ville à prendre leur retraite pour être embauchés par une agence de sécurité du privé.

Cette agence, appelée Bureau canadien d'investigations et d'ajustements (B.C.I.A.), a notamment le Service de police de Montréal comme client, de même que l'Agence métropolitaine de transport (AMT). La firme vient de se placer sous la protection de la Loi sur la faillite.

Yvan Delorme a gravi les échelons du SPVM depuis son embauche en 1983. D'abord patrouilleur, il a servi comme agent double avant de devenir chef d'équipe pour l'Unité Carcajou, qui luttait contre les gangs de motards. Il a ensuite occupé plusieurs postes de direction avant d'être nommé à la tête du SPVM en avril 2005. À 42 ans, c'était le plus jeune directeur de l'histoire du corps policier.

Son passage à la tête du SPVM a été marqué par des relations de travail houleuses. Les policiers sont sans convention collective depuis 2006 et ils ont porté le dossier en arbitrage. Le chef fait d'ailleurs face à une certaine grogne au sein de ses troupes, qui commencent à s'impatienter.

M. Delorme était aussi en poste lorsque Montréal-Nord s'est embrasé après la mort de Fredy Villanueva au cours d'une intervention policière. Vingt-quatre heures après que le jeune homme de 18 ans eut été abattu par le policier Jean-Loup Lapointe, des dizaines de pillards ont saccagé les commerces et brûlé des voitures de police.

Comme chef, il a contribué à la mise sur pied de l'escouade ÉCLIPSE, conçue pour lutter contre les gangs de rue. Il a aussi supervisé la mise en place de l'Unité Métro en plus de remodeler le schéma de couverture de service.

Décision-surprise

La démission de M. Delorme a pris de court le maire et son entourage. Pas plus tard que l'an dernier, la Ville a généreusement bonifié ses conditions de retraite pour le convaincre de rester à la barre du SPVM. Son contrat venait à échéance le 13 avril 2010, mais la Ville a devancé cette échéance pour le prolonger de trois ans. Sa prime de rétention s'élevait à 400 000 $.

Les membres de la Commission de la sécurité publique, qui le côtoient régulièrement, ont eux aussi été estomaqués par son départ.

«Vendredi matin, M. Delorme participait à une réunion de la Commission et rien, rien, rien n'a transparu», relate le conseiller Jean-Marc Gibeau, qui siège à la Commission depuis huit ans.

Gérald Tremblay et son responsable de la sécurité publique, Claude Trudel, ont salué le travail du directeur, soulignant que le nombre de crimes avait baissé sous son règne.

«Au cours des dernières années, Montréal a connu une baisse importante de la criminalité sur son territoire, le nombre d'homicides liés aux gangs de rue est en nette diminution et le bilan routier est aussi en constante amélioration», a fait valoir M. Trudel.

- Avec la collaboration de Michèle Ouimet, André Cédilot, Catherine Handfield