Marie-Hélène Lippé a déchanté l'an dernier quand elle a voulu acheter un condo et bénéficier de l'ancien programme d'aide à l'accession à la propriété. La jeune femme, qui travaille dans le milieu de la santé, aurait bien aimé vivre dans Rosemont ou dans Hochelaga-Maisonneuve, mais elle a finalement trouvé ce qui répondait à ses besoins à l'autre bout de la ville, dans Mercier.

Pour avoir droit à l'ancienne subvention de 6000$*, «il fallait que ce soit un premier achat, que ce soit un condo neuf et que le prix d'achat soit de 180 000$, taxes incluses», explique-t-elle.

 

Mme Lippé a cherché un condo près du centre-ville. «À 180 000$, il n'y a pas grand-chose. C'est souvent un sous-sol et il n'y a pas de place de stationnement, indique-t-elle. Il y en a, mais ce ne sont pas des condos neufs.»

Selon elle, l'ancien programme d'aide à l'accession à la propriété, comme le nouveau avec un prix maximal augmenté à 200 000$, «ne reflète pas la réalité des offres sur le marché».

La Montréalaise s'est finalement résignée à acheter dans Mercier. «Je me suis éloignée. Je suis près de Montréal-Est. Rosemont ou Hochelaga, c'était trop cher.»

Point positif, elle s'est rapprochée de son travail. Et aujourd'hui, elle est bien heureuse dans son chez-soi. «C'est certain que j'aimais marcher sur l'avenue du Mont-Royal, mais j'ai fait des concessions pour avoir ma place à moi.»

Ce n'est que 10 mois après avoir emménagé que Mme Lippé a finalement obtenu sa subvention de 6000$. «Mais il y a des frais de notaire, souligne la femme de 36 ans. Il faut faire un contrat avec la Ville, car on doit habiter dans la propriété pendant trois ans. Les frais de notaire m'ont déçue, et j'ai trouvé que le processus administratif était long.»

Partir, puis revenir

Les nouvelles mesures d'accès à la propriété qu'a annoncées Gérald Tremblay visent à retenir les familles à Montréal plutôt que de les voir quitter l'île pour la banlieue.

«Je ne pense pas que les nouvelles mesures vont faire qu'une famille choisisse de rester à Montréal», lance Louise Lippé, soeur de Marie-Hélène.

À la naissance du premier de ses trois enfants, en 2001, Louise Lippé et son mari ont quitté le 514 pour Boucherville, «car c'est ce qu'on pouvait se payer», raconte-t-elle.

Mais à la naissance du deuxième, le couple, qui travaille dans le domaine de la télévision, a décidé de revenir de l'autre côté du pont Jacques-Cartier. «Avec le boom immobilier, notre maison avait pris de la valeur, ce qui nous a permis d'avoir les moyens de revenir en ville.»

Depuis 2006, la famille Lippé vit dans un triplex de Villeray. Ils sont un peu à l'étroit, surtout depuis la naissance du petit dernier, il y a à peine trois semaines. «Le plus grand compromis, c'est les locataires. Quand le bébé pleure la nuit, on a peur de les réveiller.»

Mme Lippé n'a plus de cour gazonnée, mais un parc à quelques pas de sa porte d'entrée. «Et ma maison vaut plus cher.»

 

 

* L'ancienne somme forfaitaire remise était de 6000$. Elle est maintenant de 4500$, en plus d'un remboursement de 40% des droits de mutation immobilière, communément appelés taxe de bienvenue (voir tableau ci-contre).