L'hiver exceptionnellement doux sourit de nouveau aux automobilistes de Montréal: après une saison de déneigement allégée, voici maintenant que les nids-de-poule sont moins nombreux que jamais. Si bien que la première opération visant à les colmater tire déjà à sa fin.

La Ville de Montréal ne fait pas le décompte systématique des trous qui parsèment ses rues. Mais si l'on se fie au nombre de citoyens qui composent le 311 pour signaler les nids-de-poule dans leur quartier, il semble que les routes soient dans un état exceptionnel pour cette période de l'année.

 

Entre le 1er janvier et le 16 mars, 180 Montréalais ont signalé des nids-de-poule aux autorités, le tiers des appels reçus dans les dernières années. Pendant la même période, la Ville a reçu 505 signalements en 2009, et 564 en 2008.

Les arrondissements ont aussi observé des baisses importantes: Ville-Marie, qui englobe le centre-ville, avait reçu 31 plaintes à la fin de février, contre 52 l'an dernier et 43 en 2008. Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce constate une baisse de 30% des signalements depuis l'an dernier.

Investissements et temps doux

«Malheureusement, on ne peut s'attribuer 100% du mérite», blague Benoît Champagne, responsable des investissements sur le réseau artériel à la Ville.

Il souligne que les investissements dans le réseau routier depuis quelques années ont permis d'améliorer le drainage de plusieurs rues, réduisant le nombre de crevasses et de fissures qui se forment à la fin de l'hiver. Mais c'est surtout le temps clément des derniers mois qu'il faut remercier.

«L'hiver n'a pas été très dur, souligne M. Champagne. Quand il n'y a pas beaucoup de journées avec de grands écarts de température, c'est beaucoup moins exigeant pour le réseau routier et, forcément, il y a moins de nids-de-poule.»

Un nid-de-poule se forme lorsque de l'eau s'infiltre sous l'asphalte et gèle. Elle prend alors de l'expansion. Lorsqu'elle fond et s'écoule, elle laisse un vide sous la rue. L'asphalte devient ainsi plus sensible au passage des voitures et des camions. Des trous et des crevasses font alors leur apparition.

Plus les cycles gel-dégel se succèdent, plus les nids-de-poule sont nombreux. Et la circulation de camions lourds accélère encore le processus. C'est pourquoi les faibles chutes de neige de cet hiver ont beaucoup aidé aussi: il n'y a eu que deux opérations de chargement de la neige.

Opération de réparation

La Ville a lancé il y a deux semaines une opération de réparation des nids-de-poule. Des camions ont sillonné les principales rues de Montréal pour colmater les crevasses à l'aide d'une machinerie spécialisée. Le travail est déjà presque terminé.

«Il reste peut-être quelques petites rues, mais essentiellement, ça s'est fait la semaine passée et cette semaine», indique Benoît Champagne.

Les autorités lanceront une nouvelle inspection dans les prochaines semaines pour déterminer si une nouvelle phase de colmatage est nécessaire.

Si la tendance se maintient, Benoît Champagne croit que la saison exceptionnellement douce pourrait entraîner des économies. Mais il n'est pas prêt pour autant à renoncer à son budget d'un million pour le colmatage.

«Nos budgets vont de janvier à décembre, indique-t-il. On ne sait pas ce que l'automne nous réserve.»