Les téléphones cellulaires des employés municipaux de Montréal ont coûté près de 10 millions de dollars aux contribuables dans les quatre dernières années. Si bien que des conseillers de l'opposition commencent à poser des questions sur les dépenses «pharaoniques» liées à ces appareils.

Les téléphones portables et les BlackBerry utilisés dans la fonction publique municipale ont coûté plus de 9,3 millions à la Ville entre 2006 et 2009, selon des chiffres obtenus par La Presse grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

Tous services confondus, les employés de la Ville utilisent 3800 téléphones cellulaires, dont 900 appareils BlackBerry qui permettent d'accéder aux courriels et à l'internet. L'an dernier, le coût de ces téléphones s'est élevé à 2,3 millions, une légère baisse par rapport à l'année précédente.

En divisant la facture totale par le nombre d'appareils, on arrive à une moyenne mensuelle de près de 51 $ par téléphone portable.

Cette facture moyenne est légèrement supérieure à celle des employés de la Ville d'Ottawa. La capitale fédérale a consacré 1,5 million aux téléphones cellulaires en 2009, une moyenne de près de 44 $ par appareil.

L'investissement en vaut la peine, estime Michel Archambault, directeur des systèmes d'information à la Ville. D'ailleurs, dit-il, la signature d'un nouveau contrat de téléphonie a permis de réduire la facture l'an dernier. «Ce sont des outils de productivité», résume-t-il.

Règle générale, les forfaits varient entre 20 $ et 63 $ par mois, explique M. Archambault. Certains employés ont accès à des appareils plus évolués, qui coûtent plus cher, notamment ceux qu'utilise le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour la transmission de données sécurisées.

Projet Montréal dénonce

À la dernière réunion du conseil municipal, Projet Montréal a dénoncé les dépenses liées à l'utilisation des téléphones cellulaires par certains employés municipaux. Le conseiller Marc-André Gadoury avait notamment cité le cas du directeur des Muséums nature de Montréal, Charles Mathieu Brunelle, dont la facture s'élevait à plus de 5000 $ en 2009.

«C'est un laisser-aller apparent. Il y en a pour qui ce doit être des petites dépenses», a dénoncé M. Gadoury, qui qualifie de «pharaoniques» certaines factures de téléphonie cellulaire. Il souligne que le téléphone de M. Brunelle a coûté 1741 $ au cours du seul mois de juin 2009. Le directeur se trouvait alors au Bhoutan pour un voyage humanitaire qu'il faisait à ses frais.

Selon la porte-parole des Muséums nature de Montréal, Nadine Fortin, une vérification interne a permis de conclure que M. Brunelle avait fait la vaste majorité de ces appels pour des raisons professionnelles. Il a toutefois dû rembourser 174 $ pour ses appels personnels. «Malgré ses vacances, il répondait aux appels de l'équipe ici pour différentes questions», explique Mme Fortin.

Michel Archambault, de la direction des services de l'information, fait valoir qu'il est difficile de demander à des employés municipaux d'être joignables en tout temps et, en même temps, de leur interdire de faire quelques appels personnels avec les appareils fournis par la Ville. Mais il assure que des contrôles permettent de limiter les excès.

«Il y a des consignes très claires sur l'utilisation des cellulaires, il y a des encadrements, et les gens sont contraints de les respecter, affirme Michel Archambault. Quand il y a des écarts, ils sont captés. Je ne peux pas vous dire qu'ils sont captés à 100%, mais il y a un cadre de gestion.»

- Avec la collaboration de William Leclerc