Le concept d'un Rapibus métropolitain s'est imposé devant un projet plus modeste de voies réservées aux autobus en bordure du boulevard Pie-IX, dans l'est de Montréal, qui aurait allongé les temps de parcours de quelques minutes, mais qui aurait coûté trois fois moins cher à réaliser.

La ministre des Transports du Québec, Julie Boulet, a rendu publiques hier les grandes lignes d'un projet de Service rapide par bus (SRB) ou Rapibus, qui permettra de traverser l'île de Montréal du nord au sud en 20 minutes en empruntant des voies réservées aux autobus, 24 heures sur 24 et sept jours sur sept.

Le projet de Rapibus prévoit l'implantation d'un corridor de circulation exclusif aux autobus au centre du boulevard Pie-IX, entre le pont Pie-IX, qui mène vers Laval, et la rue Notre-Dame, qui longe le fleuve Saint-Laurent. L'annonce prévoit aussi le prolongement du corridor vers Laval, dans l'axe de l'autoroute 25.

Le coût de la portion montréalaise du projet est sommairement estimé, en attendant les plans et devis, à 154 millions. Cette estimation n'inclut toutefois pas les coûts du prolongement vers Laval ou de l'éventuelle connexion du Rapibus vers le centre-ville de Montréal par la rue Notre-Dame. Le réaménagement d'un carrefour, à l'angle des boulevards Pie-IX et Henri-Bourassa, nécessaire au fonctionnement du projet, n'est pas compris non plus dans les 154 millions.

«Cohabitation difficile»

En conférence de presse hier, le président de l'Agence métropolitaine de transport (AMT), Joël Gauthier, a confirmé qu'un projet d'aménagement de voies réservées aux autobus circulant en bordure du boulevard, plutôt qu'au centre, a été écarté par les partenaires du projet Pie-IX, en cours d'étude, au profit «d'un projet de vision qui va bien vieillir et qui sera encore, dans 20 ou 30 ans, un projet très performant».

Ce projet de voies réservées «en rive», estimé à 58 millions, «amenait une cohabitation difficile avec les automobilistes». M. Gauthier a relevé, à titre d'exemple, les difficultés pour les automobilistes de virer à droite, vers des rues transversales au boulevard Pie-IX, en traversant le corridor réservé aux autobus.

«Le projet qu'on annonce aujourd'hui, a dit M. Gauthier, c'est un premier corridor de SRB dans le territoire métropolitain. Il est plus performant, au centre, qu'il ne l'aurait été en rive, sur le plan du temps de parcours. On va pouvoir relier le boulevard Henri-Bourassa à la rue Notre-Dame en 20 minutes, alors que ça aurait été plus long en rive.»

Le directeur général de la Société de transport de Montréal (STM), Yves Devin, a aussi défendu le concept retenu en rappelant qu'un des principaux objectifs du projet Pie-IX était de créer «une autoroute de transports en commun» dans un axe qui est déjà considéré comme l'un des plus importants corridors de transports collectifs dans l'est de l'île de Montréal.

Plus de 40 000 personnes utilisent actuellement les services d'autobus dispensés par la Société de transport de Montréal (STM) sur le boulevard Pie-IX. En dévoilant le projet de Rapibus, la ministre Boulet a souligné qu'on attendait une affluence de 70 000 passagers par jour dès 2016, soit après seulement trois ou quatre ans d'exploitation.

«Revenir en rive, a déclaré M. Devin, ça aurait été la solution facile. Si on avait fait cela, on aurait oublié de mettre en place un véritable Rapibus» dans l'est de la métropole.

À Laval

Le tracé lavallois du projet Rapibus reste à définir. Son coût n'est pas encore connu. Les autobus emprunteront un corridor situé dans l'emprise de l'autoroute 25, à partir du pont Pie-IX. Sur les illustrations présentées hier en conférence de presse, le corridor lavallois s'arrêterait au boulevard de la Concorde, alors que le projet initial prévoyait un prolongement jusqu'à l'autoroute 440.

En conférence de presse hier, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, a déclaré que «pour satisfaire les besoins de Laval et de la couronne nord, il va falloir que ça monte jusqu'à l'autoroute 440».

«Le plus gros du trafic automobile se trouve sur la 440 le matin. Il faut offrir aux automobilistes, à ce moment-là, à cet endroit-là, la possibilité de monter dans un système de transports performant. Alors nous, nous allons exiger que ça se rende jusqu'à l'autoroute.»