L'une des principales firmes ayant participé au controversé contrat des compteurs d'eau, BPR, menace d'intenter un recours en justice contre le vérificateur général de la Ville de Montréal s'il ne corrige pas plusieurs informations la concernant dans son rapport d'ici un mois.

La firme d'ingénieurs-conseils, engagée par la Ville pour superviser des aspects techniques du contrat des compteurs d'eau, a également déposé vendredi une poursuite de 50 000$ contre Louise Harel pour avoir tenu des propos qu'elle juge non fondés à son égard.En septembre, le vérificateur général avait vertement critiqué le processus d'attribution des compteurs d'eau et la pertinence technique du contrat. La société de génie BPR reproche au vérificateur général d'avoir bâclé l'analyse de cette partie du contrat.

Le président et chef de la direction de BPR, Pierre Lavallée, a affirmé dimanche soir sur les ondes de Radio-Canada que la partie technique de l'analyse était, selon lui, «très allégée», incomplète et qu'elle comprenait des erreurs et des omissions.

Il a également reproché au vérificateur général de s'être fié à une petite équipe de l'École de technologie supérieure qui «n'a jamais réalisé de projets dans le domaine de la distribution de l'eau».

De plus, le vérificateur estimait dans son rapport que les économies réalisées grâce au contrat seraient inférieures à son coût de 600 millions sur 25 ans. BPR affirme que ce calcul est incomplet et propose des données différentes. La firme de génie avance le chiffre de 1,15 milliard sur la même période.

Selon nos informations, la firme BPR a fait parvenir une mise en demeure au vérificateur général vendredi dans laquelle elle le somme d'extraire ou de corriger sept points du rapport qu'elle juge erronés. Si le vérificateur refuse de réviser le rapport d'ici un mois, l'entreprise menace de déposer une requête en nullité en Cour supérieure. La Presse n'a pu obtenir copie de la mise en demeure.

Poursuite contre Harel

Il y a deux semaines, la chef de Vision Montréal a annoncé qu'elle comptait demander aujourd'hui, au premier conseil municipal, la résiliation officielle du contrat d'installation des compteurs d'eau accordé au consortium GÉNIeau ainsi que celui de la firme BPR.

«Le 26 avril dernier, à l'occasion d'un conseil municipal spécial, les élus ont été trompés par le représentant de BPR puisque le rapport du vérificateur général, quelques mois plus tard, est venu totalement contredire les propos du représentant de BPR», avait alors affirmé Louise Harel.

BPR a réagi à ces propos cette semaine en expédiant une mise en demeure à la chef de l'opposition, la sommant de se rétracter.

Harel a refusé de se plier à cette demande et a même réitéré ses propos dans une lettre qu'elle a fait parvenir aux médias samedi.

«Mon intention n'est pas de faire porter le blâme sur BPR et la faute réside assurément dans la négligence de la Ville à voir à l'application intégrale du mandat initial et à un laxisme certain dans la gouvernance du projet. Mon objectif est de mettre fin au gaspillage de fonds publics que ces contrats, passés et actuels, ont représenté», écrit-elle.

L'attachée de presse de Louise Harel, Marie-Hélène d'Entremont, a confirmé que l'élue avait reçu la poursuite vendredi soir vers 22h. Elle n'a pas pu fournir davantage de détails sur le contenu du document juridique. Elle a ajouté que la chef de l'opposition recevrait l'aide du contentieux de la Ville de Montréal.

- Avec La Presse Canadienne