Derrière des portes closes, un Gérald Tremblay repentant a reconnu devant ses pairs que Montréal était à la source de toute la controverse sur la corruption municipale qui a éclaté au Québec dans les derniers mois.

C'était l'heure des mea-culpa, hier, pour les maires des grandes villes. Le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, les avait convoqués pour leur annoncer les nouvelles règles de discipline que leur imposera Québec dans l'adjudication des contrats.

C'est le maire de Québec, Régis Labeaume, qui, à l'issue de la rencontre, a évoqué publiquement l'embarras de Gérald Tremblay devant ses pairs. «Il a dit : "Je suis très conscient que ce qui s'est passé à Montréal vous a heurtés. Je suis conscient que ce qui s'est passé à Montréal a eu des conséquences pour vous tous." M. Tremblay a été très honnête là-dessus.»

Selon un autre participant, M. Tremblay a semblé évoquer le contrat des compteurs d'eau et les problèmes de collusion entre soumissionnaires. «Il a fait un mea-culpa et reconnu que ce qui s'était passé à Montréal avait fait mal à tout le monde municipal.» «Puis il est reparti dans une longue envolée sur les mesures que Montréal comptait mettre en place», a-t-il ajouté.

Pour M. Labeaume, il est clair que l'ensemble des villes paient désormais pour ce qui est arrivé à Montréal. Mais les décisions prises à la suite de ces dérapages seront salutaires pour toutes les villes. «Cela nous oblige à nous protéger contre nous-mêmes, a-t-il expliqué. Si ce n'était pas arrivé à Montréal, ce serait arrivé ailleurs. Cela nous force à nous poser des questions.»

Mesures supplémentaires

À l'issue de la réunion, M. Tremblay s'est dit satisfait du ton «constructif» des échanges. Il a souligné que Montréal adoptera des mesures de contrôle supplémentaires qui seront annoncées sous peu.

En point de presse, toutefois, le ministre Lessard a plutôt indiqué que c'est Québec qui avait exigé que la métropole se dote de mesures additionnelles. «J'ai indiqué au maire de Montréal la semaine dernière que je m'attendais à ce qu'il fasse des gestes additionnels pour qu'il y ait un meilleur encadrement de son administration», a dit le ministre sans détour. Le maire Tremblay va «indiquer quels gestes seront faits pour assainir l'administration, se donner des règles plus strictes et s'assurer d'avoir une plus libre concurrence dans l'attribution des contrats», a soutenu M. Lessard.

Peu avant les élections municipales, Québec avait sérieusement envisagé de confisquer à Montréal ses pouvoirs d'adjudication des contrats pour en garantir l'intégrité. Certains ministres de même que des conseillers de Jean Charest étaient d'avis que Québec devait accomplir un geste fort.

Le maire Tremblay, dans des entretiens avec Jean Charest et Laurent Lessard, s'est opposé à tout régime d'exception pour la métropole et a promis que l'administration allait s'autodiscipliner. Dès le lendemain du vote, il a indiqué que les contrats importants étaient suspendus, le temps d'assainir le processus d'adjudication des contrats.