La cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette est une passionnée de vélo. Elle a fait de longues randonnées de cyclotourisme à Cuba, en Jordanie et au Laos. La jeune femme fait aussi la plupart de ses déplacements à deux roues quand elle le peut. Mais il y a trois ans, elle a eu la frousse de sa vie.

«J'étais en campagne dans les Cantons-de-l'Est, raconte-t-elle. Je partais de Mansonville pour aller pique-niquer au bord du lac Memphrémagog.»

La jeune femme qui, à l'époque, portait un casque seulement quand elle faisait de longues sorties, avait accroché son repas avec des tendeurs à l'arrière de son vélo.

 

«En prenant de la vitesse en descendant une côte, un tendeur s'est pris dans ma roue et j'ai été projetée sur le côté, relate-t-elle. J'ai eu une commotion cérébrale. Pendant un an, j'ai eu des étourdissements. J'ai vraiment été chanceuse. Mon cerveau n'a pas été atteint, mais c'était un miracle. J'aurais pu être aphasique ou légume.»

Maintenant, Anaïs Barbeau-Lavalette ne part jamais à vélo sans son casque. «Un accident peut arriver n'importe où, souligne-t-elle. Pas juste où il y a des autos.»

De graves conséquences

Le Dr Pierre Garneau, chef du service de chirurgie à l'hôpital du Sacré-Coeur, est un cycliste de haut niveau. Membre de la Table de sécurité routière du Québec, l'homme pro-casque donne des conférences dans les écoles. «Nous, ce qu'on voit à l'hôpital, ce sont les conséquences...»

Le traumatologue a lui-même eu plusieurs accidents de vélo, dont un qui l'a mené en ambulance dans son propre hôpital. «Plus tu roules, plus tu as de risques d'avoir un accident, dit-il. Mais il y a aussi un facteur comportemental et de gestion du risque.»

Pourquoi y a-t-il encore des gens qui roulent sans casque? «C'est comme en ski alpin. Ça dépend de qui tu vois autour de toi. Tes parents, par exemple.»

Cette année, Sainte-Justine a soigné jusqu'à présent 221 jeunes qui ont eu un accident de vélo, dont 22 qui ont été hospitalisés. Les enfants sont encore plus susceptibles de se blesser gravement à la tête. «Le ratio du poids de la tête par rapport au corps est plus élevé», indique le Dr Louis Crevier, coordonnateur de la traumatologie à Sainte-Justine.

La blessure qui peut être fatale après une chute est le traumatisme cranio-cérébral. «Le cerveau est secoué à l'intérieur de la boîte crânienne. Il entre en contact avec la paroi osseuse, explique le neurochirurgien pédiatrique. Il peut y avoir des répercussions. De l'amnésie jusqu'à un coma sévère.»

«La plupart des enfants portent un casque, signale toutefois le médecin. Les plus problématiques sont les 12-18 ans. Ils sont plus difficiles à sensibiliser.»

Selon le neurochirurgien pédiatrique, la prévention devrait être plus «agressive» auprès des adolescents. Dans les départements de traumatologie, le personnel en voit de toutes les couleurs. «La semaine dernière, c'était un jeune qui est tombé en rouli-roulant en se faisant tirer par son ami en scooter.»