La célèbre rue Sainte-Catherine est en voie de devenir piétonne de l'avenue Papineau jusqu'à la rue De Bleury, au coeur du Quartier des spectacles. Déjà, les élus de l'arrondissement du centre-ville ont approuvé un budget de 170 000$ à cette fin. Et au lieu des 15 semaines qu'elle a duré cet été, la fermeture pourrait s'étendre sur une plus longue période, a appris La Presse.

À la prochaine réunion du conseil d'arrondissement de Ville-Marie, le 29 septembre (la dernière avant les élections), les élus traceront le bilan de la saison piétonnière, qui a pris fin la semaine dernière.

 

Des rapports de fréquentation ainsi que des données sur les retombées économiques et la sécurité seront soumis aux élus. L'un des rapports, dont les conclusions sont issues d'un sondage, sera présenté par la Société de développement commercial (SDC) du Village, responsable de l'aménagement piétonnier de la rue Sainte-Catherine depuis deux ans.

Selon les conclusions du sondage, mené auprès d'une cinquantaine de commerçants et d'environ 300 usagers, pas moins de 96% des gens souhaitent que l'artère soit piétonnière encore l'an prochain. Parmi les quelque 250 passants interrogés, près de la moitié ont affirmé habiter dans le quartier, et une personne sur 10 (10%) a dit provenir de la périphérie de Montréal ou de l'extérieur de la région montréalaise.

Dans la majorité des cas, les gens ont affirmé qu'ils étaient venus se balader ou manger. Ils ont aimé l'expérience puisque 67% des citoyens du secteur disent qu'ils fréquentent l'artère plus souvent depuis qu'elle est piétonnière. Et ils en redemandent: ils réclament davantage de performances musicales et théâtrales.

La SDC du Village a aussi examiné le degré de fréquentation et les retombées économiques en interrogeant des commerçants qui ont une terrasse et d'autres qui n'en ont pas. Dans les deux cas, la moitié des commerçants ont enregistré un accroissement et un renouvellement de leur clientèle. Ces commerçants disent que l'expérience apporte des bénéfices certains en matière d'activités commerciales dans le Village.

Fort de ces résultats, le maire de Ville-Marie et chef de l'opposition, Benoit Labonté, qui se présente comme conseiller municipal sous la bannière du parti de Louise Harel, Vision Montréal, a l'intention de tout mettre en oeuvre pour que la rue Sainte-Catherine soit réservée aux piétons jusque dans le Quartier des spectacles.

Rappelons que, en vertu du projet de loi 22, il n'y aura plus de maire dans Ville-Marie au lendemain des prochaines élections. Le maire de Montréal deviendra d'office le maire du centre-ville et aura le privilège de désigner un conseiller pour siéger à l'arrondissement.

«On a offert trois semaines de piétonnisation supplémentaires cet été, et les résultats s'avèrent concluants, explique M. Labonté. C'est donc tout à fait logique d'étendre la piétonnisation jusqu'au Quartier des spectacles. Mais pour y parvenir, ajoute-t-il, il faudra offrir plus d'animation dans ce secteur, où il y a moins de restaurants et davantage d'institutions.»

Rue Saint-Paul

Responsable de la mise en oeuvre du plan de transport de Montréal au comité exécutif, André Lavallée n'a pas l'intention de faire obstruction aux visées de Benoit Labonté, appuyées par la candidate Louise Harel.

«Mais j'ai une idée fixe, ajoute M. Lavallée. Celle de piétonniser la rue Saint-Paul, dans le Vieux-Montréal, sur un plus long tronçon et plus longtemps. C'est tout à fait faisable, et on pourrait même aller jusqu'à la place d'Armes. Le Vieux-Montréal, c'est le visage de la métropole, avec 11 millions de visiteurs par année.»

À ce sujet, M. Labonté, chef de l'opposition, a dit qu'il attendait le résultat d'études de faisabilité. Il précise aussi qu'il veut s'assurer que la piétonnisation de l'arrondissement historique se fera en partenariat avec les résidants et les commerçants.