Sans être mort et enterré, le projet de transformation de la gare-hôtel Viger en complexe hôtelier de luxe est officiellement sur la glace. Après avoir passé par toutes les étapes d'approbation auprès de l'administration Tremblay-Dauphin, le consortium derrière le projet a annoncé officiellement à La Presse que la crise économique porte un grand coup à leurs ambitions de mise en valeur du joyau du Vieux-Montréal, un édifice patrimonial ressemblant au Château Frontenac.

Les travaux inscrits dans les grands projets d'Imaginer - Réaliser Montréal 2025, d'abord prévus pour débuter en 2009, puis en 2010, ne commenceront pas avant deux ans, sinon plus, a confirmé Isabelle Thellen, porte-parole du consortium propriétaire de la gare, Viger DMC International. Il y a trois ans, les élus de l'équipe de Gérald Tremblay avaient consenti la vente de la gare au coût de 9 millions, alors que son évaluation municipale était de 14,7 millions, à un consortium formé de trois sociétés: Homburg Invest (Halifax), Entreprises Télémédia (Montréal) et SNS Property Finance (Hollande).

 

À cette époque, le consortium prévoyait dégager 400 millions pour transformer l'édifice en un complexe de huit immeubles, avec une tour de 18 étages, accueillant un hôtel de 200 chambres, des condominiums, des commerces et des bureaux, entre autres. Mais depuis, les travaux se sont limités à casser le bail du centre de la petite enfance de la Ville de Montréal qui y gardait les enfants des employés municipaux depuis 14 ans. Et à réaliser des fouilles archéologiques dans la cour, qui n'ont pas débouché sur de grandes découvertes.

«Actuellement, la gare est vide, a confirmé la porte-parole du consortium, Mme Thellen, en pesant bien ses mots. Ce que je peux vous dire, c'est que nous sommes actuellement en phase de «démarchage». Ce qui veut dire que nous cherchons des gens intéressés par les locaux à être construits.»

Le titre dégringole

Autrefois assurées par l'homme d'affaires Cameron Charlebois, président du conseil d'administration de la fondation Blue Metropolis, dont le «contrat a pris fin», dit-on, la permanence et la direction des bureaux de Viger DMC International sont aujourd'hui maintenues en vie par Homburg par l'entremise de Phil O'Brien, a confirmé la porte-parole.

Malgré la légère reprise des marchés boursiers, le titre (HII-A) de la société mère de Homburg a chuté de 35% depuis le début du mois de janvier. L'action de la filiale canadienne, qui se vendait 34$ au 9 septembre 2008, s'échangeait hier à 7,57$. Elle a déjà atteint un creux à 3,99$.

À la Ville de Montréal, le responsable du dossier, André Lavallée, a indiqué que les élus sont au courant de l'avenir incertain du projet depuis quelques mois. «Pour l'instant, il n'est pas question d'intervenir ou de financer le projet, a ajouté M. Lavallée. Le segment de la clientèle visée par le promoteur accuse un recul net.»

Avant que le projet de CHUM a centre-ville soit modifié, le consortium de la gare fondait beaucoup d'espoirs dans la construction du centre hospitalier afin d'attirer de la clientèle dans son hôtel. Et des nouveaux propriétaires résidentiels au centre-ville. Sans oublier des commerces reliés aux soins de santé. Mais avec les nouvelles visées du CHUM, la gare restera voisine de la tranchée de l'autoroute Ville-Marie.