Patron de Conseillers en informatique d'affaires C.I.A., une entreprise dans la tourmente de cette fraude à la Ville de Montréal, Ghyslain Rivard explique que ses services ont travaillé avec les deux présumés auteurs de la fraude, mais n'ont pas constaté d'actes illégaux.

Comment les deux accusés procédaient-ils? On ne connaît pas encore les détails du stratagème, mais La Presse a appris qu'une entreprise, Services conseils Forté, constituée en 2007 et située au 9019, avenue Millen, dans Ahuntsic-Cartierville, aurait joué un rôle dans cette affaire. D'ailleurs, la Cour a empêché les accusés d'entrer en contact avec Michel Céré, l'administrateur de cette société qui aurait facturé des entreprises informatiques. M. Céré est considéré comme un témoin dans cette affaire. L'entreprise de M. Céré a reçu il y a une semaine un avis du Registraire des entreprises du Québec parce qu'il n'avait pas produit les documents qu'il doit produire chaque année.

 

C.I.A., dont le siège social est à Québec, ne faisait pas affaire avec Forté, selon Ghyslain Rivard. C.I.A., dont CGI est l'actionnaire majoritaire, s'est vu confier par la Ville un contrat de 6 millions en février 2008 pour de la gestion de projets et du soutien administratif. C'est Gilles Parent qui a approuvé ce contrat d'une durée de cinq ans, avec six autres d'une valeur totale de 42,6 millions. Les autres entreprises qui ont obtenu les contrats sont Lambda (deux contrats), Victrix, Systematix, OS4Techno et CGI.

«Dans le cadre de la réalisation de ce mandat, pour la première année, on avait à travailler avec les différents dirigeants de la Ville, du côté de l'informatique mais aussi des finances, dit M. Rivard. Et à travers eux, il y avait M. Bissonnette et M. Parent. Nous, on facturait directement la Ville.»

«En quoi aviez-vous affaire à M. Bissonnette?» a demandé La Presse. «C'était l'interlocuteur de la Ville, répond M. Rivard. Il était à contrat, je crois, pour la Ville. Avec M. Parent, ils étaient associés au bureau de projets de la Ville.»

M. Rivard dit que son entreprise a suivi toute l'affaire depuis un an, mais il n'a jamais eu vent d'actes illégaux. «On a la conscience tranquille, car on n'a rien fait d'illégal. On n'a pas remboursé la Ville, on n'a pas l'intention de rembourser non plus. Tous les travaux ont été réalisés conformément à notre contrat. On a reçu des paiements significatifs de la Ville. Il en reste encore à payer. On a collaboré avec les enquêteurs de la Ville et ceux de la Sûreté du Québec. On ne se sent pas concernés par la fraude.»