Mis à part un amoncellement de déchets abandonnés à la suite de la manifestation de lundi matin devant l'hôtel de ville, la journée de grève des cols bleus tenue à Montréal s'est déroulée sans incident notable.

Mais au terme de celle-ci, employeur et employés ne se sont pas rapprochés quant à un éventuel règlement du conflit qui les oppose depuis maintenant deux ans.Sans contrat de travail depuis le 31 août 2007, les cols bleus réclament des augmentations de salaire d'environ 3% par année. La Ville offre pour sa part un gel salarial pour l'année 2007 et des augmentations de 2% pour les trois années suivantes. Elle affirme ne pas avoir un sou de plus à offrir et prétend, tableaux à l'appui, que les cols bleus gagnent plus cher que leurs collègues de plusieurs autres villes québécoises.

Amorcée à minuit, lundi, la grève de 24 heures avait pour but de souligner les deux ans du non-renouvellement du contrat de travail. Le syndicat, qui regroupe quelque 5000 membres, voulait aussi dénoncer les méfaits de la sous-traitance.

«On veut que la population se rende compte que la Ville de Montréal dilapide les services publics au profit de l'entreprise privée», a lancé le président des cols bleus, Michel Parent, tôt lundi matin.

La Ville réplique en affirmant que les demandes syndicales représentent 100 millions et dépassent la capacité de payer des citoyens. «Ayant réglé les conventions collectives avec près des deux tiers de nos employés, il nous serait difficile de dire aux cols bleus qu'on leur concéderait plus d'argent qu'aux autres», dit Claude Dauphin, maire de l'arrondissement de Lachine et président du comité exécutif.

Sous-traitance

Arrivés à bord d'autobus scolaires, les employés en débrayage brandissaient des pancartes où ils réclamaient la fin de la sous-traitance. D'autres ont raillé les récents déboires de l'administration Tremblay, embourbée dans des enquêtes policières.

Haranguant ses troupes, Michel Parent a aussi fait allusion à ces histoires de copinages. «Ça fait trois mois que je demande au maire de Montréal de le rencontrer. Il ne veut pas. Si j'étais un contracteur, il l'aurait déjà fait», a-t-il lancé.

Dès l'aube, les cols bleus ont insisté pour dire que la manifestation du jour serait pacifique, que les services essentiels seraient respectés et que les citoyens ne seraient pas pénalisés. «On a un mandat de grève générale illimitée depuis 2007. On ne l'a pas encore utilisé. Vous voyez qu'on ne veut pas prendre la population en otage», a dit M. Parent.

Dans la foule, même discours. «Tous les jours, nos jobs sont sous-traités au privé, déclare ainsi Marc Ranger, négociateur en chef du syndicat. Prenez le contrat des compteurs d'eau: on aurait pu faire la job, mais la Ville l'a donné au privé. Il est temps de retrouver nos jobs.»

Il ajoute: «En 2004, nos conditions de travail ont diminué de 15%. Aujourd'hui, nos demandes sont raisonnables. On veut garder nos emplois.»

Blitz d'autobus

À 7h hier matin, Michel Parent annonçait qu'une manifestation aurait lieu un peu plus tard en matinée, sans indiquer à quel endroit, de crainte de voir les accès bloqués.

Pendant ce temps, plus de 80 autobus scolaires ont cueilli les cols bleus rassemblés à différents endroits avant de converger vers le Vieux-Montréal.

Leur arrivée en masse a créé certains problèmes de congestion. Les policiers chargés de la surveillance ont fermé une partie de la rue de la Commune et la rue Gosford, au sud de Saint-Antoine, afin de permettre aux autobus de se garer en double.

Cela mis à part, la journée semble s'être déroulée sans incident. À la Ville, on ne signale rien de particulier. «Tout s'est bien déroulé. Il y a eu une bonne collaboration de tout un chacun», a indiqué en entrevue Jean-Yves Hinse, directeur des relations professionnelles.

Au début de la journée, on avait remarqué que l'administration municipale avait appelé en renfort une agence de sécurité privée. De nombreux agents étaient déployés autour de l'hôtel de ville. La raison est simple à comprendre: les agents de sécurité qui y travaillent normalement sont... des cols bleus!

Par ailleurs, toutes les bicyclettes Bixi normalement installées aux abords de l'édifice avaient été retirées, sans doute par mesure de prudence.

Les employés reprendront normalement le travail dès aujourd'hui. Michel Parent n'a pas voulu dire si d'autres actions seraient prises dans les jours et les semaines à venir. «La situation sera analysée au jour le jour», a-t-il déclaré. Claude Dauphin assure quant à lui que la Ville est prête à discuter avec le syndicat à n'importe quel moment.