Offusquée, la chef de Vision Montréal, Louise Harel, accuse le maire Gérald Tremblay de ne pas dire la vérité quand il affirme qu'il a lui-même commandé les enquêtes policières passées ou en cours sur son administration. En réaction à cette accusation, un porte-parole du maire affirme que son administration a «agi».

«Nous voudrions fournir un aide-mémoire au maire Tremblay car il a prétendu à plusieurs reprises cette semaine, et notamment ce matin (hier) sur les ondes, qu'il était à l'initiative des enquêtes de police en cours sur son administration, a dit Mme Harel. C'est de la désinformation. Il le fait sciemment. Il invente ou bien il se croit et c'est inquiétant.»En conférence de presse au nouveau local électoral de Vision Montréal, dans la Petite Italie, Mme Harel a rappelé que sur les six enquêtes policières portant sur des actes supposément posés par des membres de l'administration Tremblay, cinq sont en cours et cinq ont été provoquées sans que le maire en soit l'initiateur.

La première enquête concernait deux élus de l'arrondissement de Saint-Laurent, membres de l'équipe du maire Tremblay, qui ont été accusés de corruption en 2004 et déclarés coupables par la suite. «L'enquête a été déclenchée par la dénonciation d'un entrepreneur et non par l'administration Tremblay», a dit Mme Harel.

Pour l'enquête à Outremont, c'est la «persévérance des citoyens d'Outremont» qui a poussé le maire Stéphane Harbour à démissionner, a dit Mme Harel. Elle ajoute que la police a été obligée d'ouvrir une enquête, seulement lorsque Noushig Eloyan, alors chef de l'opposition officielle, en a fait la demande au chef de la police de Montréal.

Même chose, a-t-elle dit, pour les «malversations à la Société d'Habitation et de développement de Montréal (SHDM)», pour le scandale des compteurs d'eau et pour le contrat sur la réfection du toit de l'hôtel de ville. Pour ce dernier contrat, Mme Harel a dit qu'un entrepreneur avait affirmé que la mafia lui avait demandé 40 000 $ destinés à deux élus de l'équipe du maire Tremblay.

La chef de Vision Montréal dit que «le premier à dénoncer cette situation fut l'entrepreneur lui-même et non l'administration Tremblay». «Le maire a plutôt fustigé publiquement l'entrepreneur ainsi que le journal La Presse, ce qui s'appelle tirer sur le messager», a-t-elle ajouté.

Le seul dossier où l'administration a fait appel à la police, c'est dans le cas de la fraude au service informatique de la Ville, a dit Mme Harel.

Invité à commenter cette sortie de Mme Harel, le maire Tremblay n'a pas rappelé La Presse. Par contre, son porte-parole, Martin Tremblay, a dit à La Presse que «chaque fois que nous avons été mis au courant de certaines irrégularités, nous avons agi». «Les enquêtes qui sont actuellement en cours, c'est nous qui les avons demandées», a ajouté Martin Tremblay.

La Presse a fait remarquer au porte-parole du maire qu'elle était présente le 1er mai dernier quand le chef du parti Projet Montréal, Richard Bergeron, est allé lui-même porter plainte à la Sûreté du Québec au sujet du contrat des compteurs d'eau de 356 millions accordé par la Ville au consortium GéniEau. Et que ce n'est donc pas le maire Gérald Tremblay ni son administration qui a demandé à la police d'enquêter sur le scandale des compteurs d'eau.

Le porte-parole a alors répondu qu'il ne «veut pas rentrer dans le détail». «C'est la seule déclaration que je vais faire», a dit le porte-parole.

Rappelons qu'en ce qui a trait au dossier de la SHDM, c'est à la suite des articles du journaliste André Noël, de La Presse, écrits à l'automne 2008, que le conseil municipal a confié un mandat de vérification au Vérificateur général de Montréal et que c'est lui qui a par la suite porté plainte à la police.

Par ailleurs, l'administration Tremblay a fait savoir hier que les premières analyses techniques sur le projet de tramways concluent qu'un tel réseau de tramways à Montréal est «pertinent et justifié». Si Mme Harel est élue, va-t-elle poursuivre le développement de ce projet ? a demandé La Presse.

«Le Plan de transport de Montréal a reçu l'appui de l'opposition, a dit Mme Harel. Mais le financement est toujours absent. Comment va-t-on le financer ? On ne le sait toujours pas. L'annonce de l'administration de faire une étude, c'est souvent, en période d'élection, une façon d'enterrer le projet.»