La Ville de Longueuil a émis, hier, un avis d'infraction à RCI Environnement dont les travaux préparatoires à la création d'un troisième centre de transbordement de déchets à Longueuil ont débuté sans que la Ville ait délivré de permis. Par ailleurs, au ministère de l'Environnement du Québec, la ministre Line Beauchamp n'a pas voulu dire pourquoi Longueuil devrait se doter de trois centres de transbordement alors que Montréal vient de rejeter l'idée d'en avoir un.

La Presse a constaté, hier matin, que des travaux avaient lieu, près du chemin du Lac, à Longueuil. Une pépine était en train de creuser un trou près d'un bâtiment qui doit prochainement accueillir des déchets. La Presse aurait voulu avoir des détails sur ces travaux mais RCI n'a répondu à aucune de nos trois demandes d'informations.

 

«Ce bâtiment contenait jusqu'à dernièrement des matières recyclables, mais l'entrepôt a été vidé et du sciage de béton a été fait récemment à l'intérieur», nous a toutefois dit un voisin. Autour du bâtiment, des travaux d'excavation ont été effectués.

Ces travaux étaient illégaux selon la Ville de Longueuil. «La direction de l'urbanisme a envoyé un inspecteur, et un avis va être émis aujourd'hui pour que cessent les travaux tant que le permis ne sera pas délivré, a dit François Laramée, directeur des communications de Longueuil. Le permis ne devrait pas tarder car, selon nos services, le projet est conforme.»

Au début de la semaine, des citoyens se sont étonnés que ces travaux aient débuté sans permis. Le projet n'a même pas reçu le certificat d'autorisation environnementale. Fin juin, Longueuil avait dit qu'aucun permis n'avait été demandé pour un centre de déchets. En un mois, la demande a été faite, et RCI a commencé les travaux sans autorisation.

La création de ce troisième centre de transbordement est contestée par des citoyens qui se sont associés à Waste Management (WM), concurrent de RCI, qui exploite un centre de transbordement à Longueuil, tout comme Matrec. WM estime que Longueuil n'a pas besoin d'un autre centre, les deux autres ne fonctionnant pas à 100%. «Longueuil deviendrait l'une des seules villes nord-américaines à avoir trois centres de transbordement», dit Bernard More, porte-parole de WM.

Ces citoyens craignent que le nouveau centre de déchets entraîne plus de circulation et d'autres désagréments. Ils disent avoir été mal informés par Longueuil quand la Ville a changé, selon eux «discrètement», le zonage en septembre 2008. Ils estiment que la création d'un tel centre va à l'encontre d'une saine politique de gestion des déchets qui implique que l'on doive privilégier la récupération, la valorisation des matières organiques et la diminution de l'enfouissement.

De plus, ils s'étonnent que la Ville laisse RCI créer ce centre sans que cette option ait jamais été évoquée par le maire Claude Gladu, ni par son dauphin, Jacques Goyette, candidat à la mairie. Du coup, ils ont décidé de poursuivre la Ville et réclament l'annulation du règlement municipal. La présentation de la preuve aura lieu le mois prochain.

«Pourquoi le ministre des Affaires municipales, Laurent Lessard, n'intervient-il pas pour s'assurer que la population concernée soit adéquatement informée et consultée sur ce projet? demande M. More. Pourquoi la ministre Beauchamp n'intervient-elle pas pour arrêter le développement d'un projet qui va à l'encontre de la nouvelle politique de développement durable?»

Au ministère des Affaires municipales, la porte-parole Édith Girard dit que «le ministère n'intervient pas dans la gestion quotidienne des villes». La Presse a essayé de parler à la ministre Beauchamp. Sa porte-parole a rejeté notre invitation d'expliquer pourquoi Longueuil devrait avoir trois centres de transbordement de déchets alors que Montréal n'en veut pas.