Bernard Plante et Claude Rainville, les deux directeurs généraux des Sociétés de développement commercial du centre-ville de Montréal, désapprouvent le responsable de la sécurité publique à la Ville, Claude Dauphin, qui ne voit «pas de problème» à la forte présence de jeunes de la rue et de mendiants au centre-ville.

«L'été, c'est le fun à Montréal: il y a de l'action, de belles femmes, de beaux hommes. Il y a aussi des jeunes de la rue. Il faut vivre avec ça. Peut-être que certaines personnes le voient comme un problème, mais il ne faut pas exagérer. Personne ne nous a demandé de ressources supplémentaires pour ça. Les travailleurs de rue font leur travail. Moi, je ne le vois pas comme un problème», avait déclaré mardi M. Dauphin à La Presse, dans le cadre d'un reportage sur les jeunes de la rue.

 

«J'ai été très surpris et déçu des commentaires de M. Claude Dauphin, dit M. Plante, DG de la SDC du Village, dans un courriel envoyé hier à La Presse. Il est inadmissible qu'un élu qui occupe d'aussi hautes fonctions soit à ce point déconnecté de la réalité.»

«Ce ne sont pas des itinérants qui se battaient à coups de chaînes et de bouteilles brisées sur Sainte-Catherine Est (près de Place Dupuis) par un beau dimanche après-midi, lors de la dernière vente trottoir que la SDC du Village a organisée. Mais bien des gangs de rue. Ce ne sont pas non plus des itinérants qui ont agressé et volé un employé de la Banque Nationale (succursale Place Dupuis) sorti prendre sa pause d'après-midi pour fumer une cigarette à l'extérieur.»

»Incivilités»

Dans une lettre envoyée à La Presse, le directeur général de la Société de développement du Quartier latin, Claude Rainville, écrit également que la présence de jeunes marginaux «est la cause de nombreuses incivilités, particulièrement dans le secteur de la rue Sainte-Catherine».

«Malgré le fait que plusieurs d'entre eux viennent de familles financièrement à l'aise, leur vie n'est pas un conte de fées, écrit-il. Fugue, prostitution, alcoolisme, toxicomanie, criminalité, maladie mentale, désinstitutionnalisation: la triste réalité est que le centre-ville est devenu une destination estivale pour ces jeunes marginaux et leurs chiens, venus de partout au Canada et au Québec.»

M. Rainville estime que le problème n'est pas réglé. «Malgré le support exceptionnel des deux postes de police de quartier, notre quotidien est teinté d'incivilités, d'intimidation, de consommation de drogues et d'alcool sur le domaine public et privé, d'altercations verbales et physiques, d'actes criminels, de vandalisme. Pour nos marchands, citoyens, visiteurs, consommateurs, travailleurs, touristes, la présence des jeunes marginaux et de leurs chiens est devenue tout simplement insupportable. Sans une volonté politique et financière d'enrayer ce fléau, de mettre en place les ressources additionnelles nécessaires et de passer le message que Montréal ne tolère pas ce genre de comportement, il y a peu de chance que la situation change de façon significative.»

Mardi, le maire de Ville-Marie, Benoit Labonté, a réclamé plus de ressources policières au centre-ville. Mais l'administration du maire Gérald Tremblay n'est pas de cet avis. Au contraire, à en croire un article du Devoir, publié hier, l'administration Tremblay pourrait réduire les forces policières. Les coupes budgétaires prévues par le SPVM pourraient entraîner la suppression d'une centaine de postes.

Louise O'Sullivan, candidate aux prochaines élections municipales, a dit elle aussi, hier, être «révoltée» par les propos de Claude Dauphin. «Les jeunes désoeuvrés vivant dans la rue à proximité du Palais des congrès qui accueille des visiteurs du monde entier ne donnent pas une très bonne image de Montréal. Notre ville, qui connaît une diminution de la fréquentation touristique, n'a pas besoin que la municipalité encourage le vagabondage saisonnier perçu par de nombreux Montréalais comme un fléau urbain», dit-elle par voie de communiqué.