Piqué au vif par le maire de Ville-Marie, Benoit Labonté, qui a dit, dimanche, que l'administration Tremblay n'accordait aux arrondissements que 22% du budget de la Ville de Montréal, le responsable des Finances au comité exécutif, Sammy Forcillo, rétorque que M. Labonté ne comprend rien aux finances publiques.

«Pour quelqu'un qui veut être le président du comité exécutif de Montréal, il devrait plutôt s'acheter une calculatrice», a dit à La Presse M. Forcillo.

M. Forcillo n'était pas de bonne humeur, hier. La Presse avait publié un article intitulé «Benoit Labonté dénonce le "manque de prévoyance" de l'administration Tremblay». Dans l'article, le maire Labonté disait que la Ville ne consacre pas assez d'argent aux arrondissements, sous-financés selon lui. «On demande aux arrondissements 100 % des services alors qu'on ne leur accorde que 22% du budget de la Ville de Montréal», disait-il.

Hier, M. Forcillo a demandé à La Presse de sortir le gros document «Budget 2009» de nos tiroirs. À la page 44, figure le total de l'argent fourni aux 19 arrondissements: 916,7 millions. Mais à cet argent réparti dans les arrondissements (22% du budget), il faut ajouter, selon lui, ce que dépense la ville centre pour des services rendus dans les arrondissements.

«Depuis que Benoit Labonté est dans l'opposition, il revient tout le temps sur ces 22%. Je l'ai pourtant corrigé à maintes reprises. Je me demande s'il a une compréhension des finances publiques. Je lui ai pourtant expliqué que c'était au moins 75% des sommes qui étaient prévues pour les arrondissements.»

Page 45 du budget 2009, il y a en effet toute une série de dépenses de la Ville pour des activités et des services liés aux arrondissements: 139 millions pour le développement culturel et la qualité du milieu de vie, 329 millions pour les infrastructures, le transport et l'environnement, 269 millions pour la mise en valeur territoire et 892 millions pour la police et les pompiers.

«Avec tout ça et le 916,7 millions, on arrive à 2,5 milliards. Mais si on ajoute les dépenses pour la Société de transport de Montréal et d'autres contributions pour des services aux arrondissements, on arrive à 3 milliards, soit 75% du budget», dit Sammy Forcillo. Il ajoute qu'on devrait même ajouter 75% des frais de financement liés à des activités de fonctionnement dans les arrondissements, notamment des travaux d'infrastructures, soit 75% de 670 millions, soit 500 millions. On arrive du coup à un grand total de 3,5 milliards, qui représentent 88% du budget de la Ville.

M. Forcillo insiste sur le fait qu'il est «sorti de l'école des Hautes Études commerciales en 1972, que ça fait 37 ans qu'il fait de la comptabilité publique et que M. Labonté "fait de la démagogie". Il ferait mieux de suivre mes traces de pédagogue, dit-il. Il ne sait pas calculer. Ce n'est pas un bon présage pour l'avenir.»

Invité à réagir, Benoit Labonté rappelle que «ça fait un an» qu'il cogne sur ce clou. «Avec les 22%, je parle des dotations des arrondissements, dit-il. Ils n'ont pas de contrôle décisionnel sur le reste. J'en connais assez sur les finances publiques pour faire cette équation.»