Gilles Vaillancourt fête ses 20 ans consécutifs à la tête de Laval cette année. Il a été élu maire de la ville de la couronne nord pour la première fois en juin 1989, mais il fait partie du conseil municipal depuis 1973. Il a donc 36 années de politique bien tassées derrière la cravate.

En entrevue à La Presse, il a déjà déclaré qu'il se représenterait à la mairie aussi longtemps que la santé le lui permettrait. «Parce j'aime ça», avait-il dit du tac au tac. Âgé de 68 ans, l'homme a donc annoncé sans grande surprise qu'il sera au rendez-vous aux prochaines élections, le 1er novembre prochain.

 

Au cours de ses deux derniers mandats, il a dirigé Laval sans opposition à l'hôtel de ville, avec ses 21 conseillers élus dans tous les districts. Ses victoires successives, de même que sa façon de diriger, lui ont valu de conserver le surnom de «roi de Laval».

Il y a quatre ans, au moment des élections, sa plus proche rivale, une étudiante de 18 ans, s'était fait écraser par le maire Vaillancourt avec une majorité de 74,61%. À l'élection de 2002, malgré une bonne course, Daniel Lefebvre n'avait réussi qu'à récolter 21% des voix. Reconnu pour son franc-parler, M. Lefebvre avait fait campagne en scandant que «Laval est une monarchie, pas une démocratie. Dans cette ville, il y a le roi, sa cour et ses manants».

Service personnalisé

Gilles Vaillancourt connaît sa ville comme le fond de sa poche. Il est du genre à appeler un citoyen le dimanche matin pour s'occuper d'une chicane de clôture. Il se démarque aussi pour ses séances du conseil municipal, où il défile tous les points à l'ordre du jour, debout, droit comme un piquet. Il répond ensuite lui-même aux questions, en interpellant directement les gens par leur prénom, comme dans un village.

Dans le dossier controversé d'un projet de construction de deux tours à Chomedey, l'an dernier, il a répondu personnellement à 1000 signataires d'une pétition. Gilles Vaillancourt n'est pas non plus du genre à lâcher le morceau. Comment a-t-il fait pour convaincre Québec de financer le métro de Laval? a déjà voulu savoir La Presse auprès de M. Vaillancourt. En réponse, il s'était levé de son bureau, avait montré un portrait de politiciens provinciaux, et avait expliqué: «Vous voyez ces politiciens posant fièrement à côté de moi? Bourassa et les autres. Je leur ai dit tour à tour qu'un jour ils ne seraient plus là et que j'y serais encore. J'avais raison. Les gouvernements changent, mais Laval reste. Je martèle la même demande peu importe les changements de premier ministre.»

Campagne à trois

Dans la présente campagne, Gilles Vaillancourt mène la lutte contre deux partis officiels. Le Parti au service du citoyen (PSC), formé en 2006, et le Mouvement Lavallois (ML), né l'an dernier, d'une scission avec le PSC. Deux nouveaux partis déjà à couteaux tirés, qui s'échangent des mises en demeure au même rythme que les critiques.

«Il n'y a pas de paires d'yeux ni d'oreilles à Laval, déplore David de Cotis, fondateur du ML. On se demande par exemple pourquoi le maire Vaillancourt dégage des millions dans un complexe sportif alors que nos arénas ont besoin de rénovations, mais que seulement 225 000$ sont consacrés à leur entretien.»

Robert Bordeleau, candidat pour le PSC, fait campagne avec le slogan «Laval est due pour un changement». Récemment, il s'est fait boycotter une entrevue à la Télévision régionale de Laval. «La chaîne est subventionnée et appuyée par la Ville, explique M. Bordeleau. Je présume que le maire a quelque chose à voir là-dedans, il n'a pas aimé que l'intervieweur parle de moi comme du prochain maire de Laval. L'entrevue n'a jamais été diffusée.»

Avec des coffres peu garnis, les deux dirigeants de parti admettent que ce ne sera pas facile de déloger le maire Vaillancourt. Le PSC a recruté moins d'une douzaine de candidats, pas assez pour élire des conseillers dans les 21 districts de Laval. Le ML a 14 candidats, mais pas encore de candidat à la mairie. Quant au parti du maire, PRO des Lavallois - Équipe Vaillancourt, il bénéficie chaque année de contributions de plusieurs centaines de milliers de dollars, sans compter un budget de roulement frisant le million.