La démolition prévue de 160 logements en vue de la reconstruction de l'échangeur Turcot aura des «répercussions irréversibles» dans le quartier Saint-Henri et dans tout le sud-ouest de Montréal, malgré les programmes prévus pour reloger les expropriés.

En avant-première des consultations du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur le projet Turcot, qui reprennent lundi après une pause d'un mois, une porte-parole du POPIR-Comité logement de Saint-Henri, Patricia Viannay, a dénoncé hier le projet du ministère des Transports du Québec (MTQ), «qui a été spécifiquement conçu en fonction des automobiles».Mme Viannay a fait valoir, par ailleurs, que les compensations annoncées par le MTQ à l'intention des 400 personnes délogées sont celles que prévoit la loi dans tous les cas d'expropriation. Le MTQ promet en outre la construction de 160 logements neufs, dans le cadre du programme provincial Accès-Logis. Plusieurs locataires délogés, soutient-elle, ne pourront se qualifier pour ce programme en raison de leurs revenus.

La semaine prochaine, à la reprise des audiences publiques, le POPIR va demander au BAPE de dire non aux expropriations de logements et de reconnaître que des scénarios de rechange ont été proposés.

La reconstruction de l'échangeur Turcot, dans le sud-ouest de la métropole, nécessite la démolition de 26 maisons comptant environ 166 logements, et l'acquisition, totale ou partielle, de 34 autres propriétés commerciales et industrielles. Le budget prévu pour ces acquisitions est de 110 millions.

La quasi-totalité des propriétés acquises, de gré à gré ou par expropriation, se trouvent au sud de l'actuelle autoroute Ville-Marie. Les plans du MTQ prévoient le déplacement de cette voie de plusieurs mètres vers le sud, fauchant au passage une partie des immeubles qui la longent.

Rue Saint-Rémi, une ancienne usine qui abrite 100 lofts sera démolie, ainsi que toutes les maisons du côté nord de la rue Cazelais et d'une partie de la rue Desnoyers, dans le Village des tanneries, un petit secteur résidentiel.

Plus à l'est, un magasin Home Depot sera notamment amputé de sa partie arrière. Une douzaine de logements doivent aussi être démolis rue Selby.

Inévitable

Lors des premières séries d'audiences du BAPE, le mois dernier, des représentants du MTQ ont soutenu que les solutions de rechange proposées ne sont pas viables et que les expropriations ne peuvent être évitées.

Selon Jean-Pierre Laporte, du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la perte de ces 160 appartements va rendre encore plus rares les logements abordables dans un quartier où il existe déjà une forte demande de logements sociaux.

Dans le mémoire qu'il doit présenter au BAPE la semaine prochaine, le FRAPRU réclame un moratoire sur ce projet de reconstruction.

«Jusqu'à présent, a dit M. Laporte, tout le monde a dénoncé ce projet. À un moment donné, il est impossible que tout le monde ait tort et que le ministère des Transports soit seul à avoir raison.»

La reconstruction de l'échangeur Turcot, dans le sud-ouest de la métropole, nécessite la démolition de 26 maisons comptant environ 166 logements, et l'acquisition, totale ou partielle, de 34 autres propriétés commerciales et industrielles. Le budget prévu pour ces acquisitions est de 110 millions.