Des personnes qui n'habitent pas Montréal pourront voter à distance aux élections municipales de novembre. La Ville veut permettre à ceux qui possèdent des propriétés dans la métropole mais qui n'y résident pas de participer au scrutin par la poste, une mesure vertement critiquée par des partis de l'opposition.

La Ville espère que cette nouvelle façon de voter stimulera la participation électorale, qui s'est chiffrée à 35% en 2005. La réforme devra obtenir l'aval du conseil municipal, d'ici quelques semaines, avant d'entrer en vigueur.

 

Les personnes qui n'habitent pas Montréal mais qui y possèdent un immeuble ou y exploitent une entreprise peuvent déjà voter aux élections municipales. Mais jusqu'ici, elles devaient se rendre en personne au bureau de vote. Si la réforme est adoptée, tout «électeur non domicilié» pourra recevoir son bulletin de vote par la poste s'il en fait la demande.

«Le vote par correspondance des électeurs non domiciliés facilite l'exercice de leur droit de vote par le fait qu'ils n'ont pas à se déplacer pour ce faire, lit-on dans le document officiel qui avalise la décision du comité exécutif. Ce mécanisme de votation peut s'avérer sans doute un impact positif quant à l'amélioration du taux de participation.»

Vives critiques

L'entourage du maire Gérald Tremblay a refusé de commenter le projet, mais l'opposition l'a vite dénoncé.

La mesure est «cousue de fil blanc», déplore le chef de Projet Montréal, Richard Bergeron. Elle incitera surtout, croit-il, des personnes âgées et des gens d'affaires à voter, un électorat qui a tendance à favoriser le maire Gérald Tremblay.

«Les cibles visées sont des cibles dont on peut présumer qu'elles vont répondre plus favorablement à une administration du type de Gérald Tremblay, qui est une administration affairiste, très préoccupée par les préoccupations du monde des affaires», a affirmé M. Bergeron.

Si la Ville souhaite augmenter la participation électorale, le candidat lui suggère d'adopter des mesures pour encourager les jeunes, les locataires et les immigrés à voter.

La candidate Louise O'Sullivan, elle, souligne que le fiasco du vote électronique lors des élections de 2005 devrait inciter les autorités à la prudence. Et même si des systèmes de vote par correspondance existent déjà aux élections fédérales et provinciales, elle craint que la méthode mène à des irrégularités, car les personnes malintentionnées pourront beaucoup plus facilement usurper l'identité d'un électeur et voter à sa place.

«On n'est pas contre le principe, a pour sa part déclaré le chef de l'opposition, Benoît Labonté, par la voix d'une porte-parole. Mais il faudra s'assurer que tous les citoyens, entreprises et particuliers, aient la même facilité et le privilège de voter de cette façon.»