Construction Frank Catania et associés n'est pas à la veille de recevoir les 7 millions de dollars que l'entreprise réclame à la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) pour des travaux dans le Faubourg Contrecoeur, a indiqué Guy Hébert, directeur général de cette société qui relève de la Ville de Montréal.

Le 1er mai, le président du Groupe immobilier Catania, André Fortin, se réjouissait de la signature d'une «entente finale» avec la SHDM, une société qui relève de la Ville de Montréal. Est-ce que cela signifie que la SHDM va bientôt remettre un chèque de 7 millions à Catania, comme l'entreprise le réclame?

 

«Bien non! a répondu Guy Hébert. On n'est pas d'accord avec les 7 millions. L'entrepreneur a probablement droit à certains montants dans cette réclamation... Mais, essentiellement, on s'est entendu pour dire qu'il y avait des sujets sur lesquels on ne s'entendait pas.»

Depuis septembre, Catania réclame 7 millions pour des travaux d'infrastructures qui n'étaient pas prévus à la signature du contrat avec la SHDM, qui visait la vente et le développement du vaste terrain situé au nord de la rue Sherbrooke, à l'est de l'autoroute 25. À la suite de consultations publiques, la Ville a demandé l'ajout de rues. Catania soutient que cela coûte cher et limite l'espace constructible.

«Il va y avoir un débat probablement juridique pour déterminer la responsabilité mutuelle, et savoir qui va payer quoi à l'intérieur des 7 millions, a dit M. Hébert. Nous prétendons que ce n'est pas à nous payer. Catania prétend le contraire.»

Le règlement de ce litige peut-il être long? «Ça, il faudrait le demander au juge, a répondu M. Hébert. Avec nos avocats, on va regarder quel processus juridique va être le meilleur. C'est celui qu'on va utiliser. Si ça va en cour, ça va prendre le temps (qu'il faudra).»

C'est loin d'être le seul litige. Fin 2007, la Ville de Montréal a vendu le terrain de 38 hectares au groupe Catania par le biais de la SHDM pour 19 millions de dollars. La SHDM a accepté de soustraire un montant maximum de 14,6 millions de ce prix pour divers frais, comme la décontamination.

Le prix final est donc de 4,4 millions, payable le 30 juin 2010, mais il pourrait être négocié à la hausse d'ici un an s'il s'avère que la décontamination et d'autres frais ont été moins élevés que prévu, a dit M. Hébert. Jusqu'à maintenant, Catania a payé seulement 400 000$ à la SHDM pour l'achat du terrain, a-t-il ajouté.

Dans un rapport récent, la firme d'audit Deloitte encourage la SHDM à contester les coûts de décontamination. Une recommandation qu'endosse M. Hébert. «C'est un autre sujet sur lequel on ne s'entend pas avec Catania, a-t-il dit. L'acte de vente prévoit que la SHDM soustrait un maximum de 11 millions du prix de vente pour la décontamination, mais nous estimons que les coûts réels n'ont pas dépassé les 7 millions. Si les coûts sont moindres, le prix de vente du terrain doit être plus élevé. J'ai demandé les factures de décontamination à deux reprises: Catania a refusé.»

Autre pomme de discorde: les frais prévus pour protéger les futurs bâtiments des vibrations provoquées par les explosions d'une carrière voisine. L'acte de vente prévoyait que ces frais pourraient s'élever à 3 millions de dollars et pourraient, par conséquent, être déduits du prix de vente. Or, il appert qu'aucun bâtiment n'est encore affecté par les vibrations.

La SHDM a versé ces 3 millions à Catania avant le congédiement du directeur de la société, Martial Fillion, et son remplacement par Guy Hébert, a confié ce dernier. «On regarde ça avec nos avocats, a-t-il dit. Les 3 millions ont été versés trop tôt, alors qu'ils auraient dû l'être au moment des travaux (de contrôle vibratoire).»

D'ici quatre ou cinq ans, des bâtiments commerciaux pourraient être construits près de la carrière et nécessiter des mesures anti-vibratoires, a-t-il dit. «Il y a un décompte qui va se faire, a ajouté M. Hébert. Catania va nous verser l'écart entre les 3 millions (que l'entreprise a déjà reçus) et le montant réel que coûteront ces mesures.»

Le porte-parole du groupe Catania, Philippe Roy, a reconnu qu'il restait des «différends» entre Catania et la SHDM, mais l'entreprise est confiante qu'ils seront bientôt réglés. «On considère que les relations avec la SHDM sont très bonnes actuellement, a-t-il dit. Il va y avoir des rencontres très prochainement pour trouver des solutions aux différends contractuels qui restent à régler. Le dossier avance très bien.»