Trottoirs fermés. Tracteurs. Pelles mécaniques. Hommes au travail. Au coin des rues Sainte-Catherine et Jeanne-Mance, la place des Festivals ne ressemble pour le moment qu'à un chantier de construction.

Prête, pas prête, elle accueillera, le 30 juin, le spectacle du chanteur vedette Stevie Wonder, qui marquera le début du Festival de jazz et soulignera du même coup le 30e anniversaire de ce grand rendez-vous de la musique.

«Toutes les infrastructures sont en place. La place des Festivals pourra accueillir les spectateurs en juin et, en septembre, on l'inaugurera officiellement», assure le maire Gérald Tremblay.

Optimistes, les grands manitous des festivals montréalais sont unanimes : la fameuse place, qui constitue l'un des éléments-clés du Quartier des spectacles, sera achevée dans les délais prévus.

«Je n'ai aucun doute, lance le président-fondateur du Festival de jazz et des FrancoFolies, Alain Simard, en entrevue à La Presse. C'est très avancé. Tout se passe selon l'échéancier. On parle aux architectes régulièrement.»

Pour marquer le coup, les organisateurs du Festival de jazz ont convaincu Stevie Wonder de venir se produire dans la métropole. «C'est un tournant historique pour nous», mentionne Alain Simard.

Sans la place des Festivals, grande comme le square Victoria, le spectacle aurait moins d'envergure. M. Simard souligne que les différents chantiers en cours, comme celui de l'esplanade de la Place des Arts ou les environs du métro Saint-Laurent, accaparent l'espace généralement occupé par les scènes et les festivaliers.

«Si on n'avait pas eu accès à la nouvelle place, on aurait perdu au-delà de 50% de notre superficie», dit-il.

Juste pour rire

Le fondateur du festival Juste pour rire, Gilbert Rozon, croit lui aussi que la place des Festivals sera prête à temps - et il a l'intention de l'utiliser. «Cet été, on va essayer de faire au moins un soir ou deux. On va commencer par mettre le pied à l'eau pour voir ce que ça donne», dit-il.

Les organisateurs de Juste pour rire songent à y tenir la manifestation de clôture, le 26 juillet. On voudrait utiliser la place comme point d'arrivée du défilé carnavalesque. Bon nombre d'activités du festival Juste pour rire ont habituellement lieu dans le Quartier latin, rue Saint-Denis. «Il faut créer un deuxième lieu sans confondre le public», insiste M. Rozon.

En plus du Festival de jazz, des FrancoFolies et du festival Juste pour rire, il espère que d'autres rendez-vous s'y tiendront. «Cet endroit ne peut pas être l'affaire de Rozon et Simard. Je crois en l'idée qu'une dizaine d'autres festivals viennent s'y agglutiner, mentionne-t-il. Je suis même prêt à aider ceux qui voudront s'y greffer pendant la même période que nous. Il faut créer une masse critique incontournable pour les touristes.»

Autres festivals

Manifestement, l'endroit n'aura pas de difficulté à trouver preneur. Serge Losique, président du Festival des films du monde (FFM), a déjà affirmé qu'il voulait être de la partie en y organisant des activités en août.

Puis, l'an prochain, le festival TransAmériques, qui se tient cette année du 20 mai au 6 juin, n'écarte pas l'idée d'y organiser quelques activités, confirme la directrice générale, Marie-Hélène Falcon.

Du côté de Divers/Cité, on souhaiterait également utiliser les installations. Seul problème toutefois : la fête a lieu en même temps que les FrancoFolies, de la fin du mois de juillet au début du mois d'août.

Cette grande place publique, que l'on souhaite vivante toute l'année, accueillera également, en février, certaines activités du festival Montréal en lumière, confirme Alain Simard.

De son côté, le maire Tremblay ne doute pas un instant que le site remportera un vif succès dès sa première année d'exploitation. «C'est quelque chose qui nous unit, croit-il. On a pris un risque calculé en avançant des fonds, plus de 50 millions, mais les gouvernements sont au rendez-vous et c'est un environnement favorable pour les créateurs.»

La président sortant du Partenariat du Quartier des spectacles, Charles Lapointe, ajoute que le projet saura convaincre tous les sceptiques.

«Quand j'entends les gens dire qu'il ne se passe rien à Montréal, je leur imposerais un voyage dans le temps afin qu'ils réalisent tout ce que nous avons accompli depuis 20 ans. Je leur imposerais un deuxième voyage, dans 10 ans, pour qu'ils voient qu'on est capables de réinventer notre ville.»