La Ville de Montréal a présenté une requête à la Cour supérieure pour faire fermer une synagogue illégale à Outremont. L'immeuble, situé sur l'avenue Saint-Viateur entre les rues Durocher et Hutchison, doit être utilisé à des fins exclusivement résidentielles, soutient la Ville.

Le litige au sujet de la vocation de l'immeuble remonte à 1982. Le propriétaire de l'époque avait été condamné à une amende pour avoir transformé le bâtiment du 1030-1032, avenue Saint-Viateur pour y établir un «lieu de prière». L'homme a contesté les règlements de zonage de l'ancienne ville d'Outremont et a été acquitté en appel. Les poursuites judiciaires ont été ensuite abandonnées.

 

À la suite de plaintes de citoyens, l'arrondissement d'Outremont s'est de nouveau intéressé à l'immeuble au printemps 2002. Les inspecteurs, selon la requête déposée le mois dernier, ont constaté que le propriétaire actuel de l'immeuble, la congrégation Munchas Elozer Munkas, a installé une enseigne sur la façade et aménagé deux salles «d'étude et de prières» au rez-de-chaussée et à l'étage. Les éléments non conformes au règlement municipal ont été signalés à la congrégation au moins deux fois, en 2002 et en 2006.

L'automne dernier, comme des activités de culte avaient toujours lieu, le conseil d'arrondissement d'Outremont a demandé aux procureurs de la Ville de prendre les mesures nécessaires. La Ville a envoyé en novembre une mise en demeure à la congrégation pour que cessent ces activités. «Évidemment, les gens n'aiment pas recevoir une telle nouvelle, a dit à La Presse la mairesse de l'arrondissement d'Outremont, Marie Cinq-Mars. Mais lorsqu'il y a mauvais usage d'un endroit, il faut se conformer. Les règlements sont les mêmes pour tout le monde. On va vivre en harmonie si tout le monde suit les mêmes règles.»

La quarantaine de membres de la petite synagogue devront, s'ils se conforment à la demande de la Ville, trouver un autre lieu de rassemblement. «Je fréquente une autre synagogue au coin des rues Hutchison et Saint-Viateur, et c'est déjà plein à craquer», a déploré Alex Werzberger, de la Coalition des organisations hassidiques d'Outremont. Trouver un autre endroit pour construire une synagogue est également difficile. Pendant 20 ans, la Ville n'a pas cherché à faire fermer la synagogue «parce que c'était tranquille», a noté M. Werzberger. «Mais il y a des voisins de la communauté qui n'ont rien d'autre dans leur vie que de faire la vie dure aux Juifs.»

La requête en cessation d'usage dérogatoire a été déposée le 14 avril dernier. La Ville réclame précisément le retrait de l'enseigne sur la façade ainsi que le démantèlement des salles de prière, dont l'armoire à Torah, le podium, les bancs, les tables et le lavabo à l'entrée.

Les parties sont convoquées en cour le 20 mai. L'avocat de la congrégation n'a pas rappelé La Presse hier.