Gérald Tremblay doit-il démissionner? Politologues et spécialistes de l'éthique ne s'entendent pas. Mais ils s'accordent à dire qu'un grand ménage s'impose dans une administration entachée par les scandales des compteurs d'eau et du Faubourg Contrecoeur. Et l'un d'entre eux dit même que c'est au gouvernement du Québec d'intervenir.

«Je pense qu'il commence à être trop tard pour que le maire Tremblay puisse redresser la situation à Montréal, affirme Yves Boisvert, professeur à l'École nationale d'administration publique et expert en éthique. Pour moi, il est clair qu'il n'a plus la légitimité et la crédibilité pour faire ce redressement.»

 

Le professeur (aucun lien avec notre chroniqueur) souligne que trop de proches collaborateurs du maire ont été éclaboussés pour qu'il reste en poste.

Il souligne que son ex-bras droit, Frank Zampino, a séjourné sur le yacht de l'homme d'affaires Tony Accurso. M. Accurso codirige le consortium qui a décroché le contrat des compteurs d'eau. L'ancien chef de cabinet de M. Tremblay, Martial Fillion, a commis de nombreuses irrégularités lorsqu'il dirigeait la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM), selon un rapport de la firme Deloitte.

Québec doit intervenir

Le directeur général de la Ville, Claude Léger, s'est aussi retrouvé dans l'embarras. Le maire Tremblay a affirmé qu'il avait pris connaissance jeudi du deuxième rapport du vérificateur général sur la vente des terrains du Faubourg Contrecoeur à Construction Frank Catania et Associés. M. Léger avait pourtant le rapport en main depuis le 27 mars.

Tous ces faits, dit M. Boisvert, démontrent que le maire n'a pas de mainmise sur son administration. Il estime que Québec doit intervenir au plus vite pour faire la lumière sur ce qu'il estime être l'équivalent municipal du scandale des commandites.

«Le fait qu'il démissionne ne nous aiderait pas à savoir ce qui s'est passé, explique-t-il. Mais actuellement, il est un acteur qui fait beaucoup plus d'obstruction qu'il n'aide à comprendre la vérité.»

Bonne réaction

Spécialiste de la communication politique à l'Université Laval, Thierry Giasson estime de son côté que le maire a bien réagi face à la crise. Il a multiplié les entrevues et clamé son indignation face aux révélations des derniers jours sur son administration.

Mais le maire a aussi reconnu qu'il ignorait nombre de tractations dans son administration, soulève-t-il. «Et quand on est maire, qu'on est l'ultime dirigeant et qu'on est censé avoir accès à toute l'information, dire qu'on ne sait pas à plusieurs reprises, ça peut laisser transparaître un mauvais entourage.»

«Sortir la machette»

Gérald Tremblay peut rester en poste, poursuit le politologue, mais il devra «sortir la machette» pour débarrasser son entourage des membres soupçonnés d'avoir trempé dans les transactions douteuses.

«Il faut faire le ménage, affirme-t-il. Il faut qu'il arrête de dire qu'il a pleinement confiance en tout le monde alors que des rapports montrent que des gens en qui il a pleinement confiance soulèvent des soupçons de conflits d'intérêts.»