Le maire Gérald Tremblay n'a plus l'intention de commenter l'affaire des compteurs d'eau. «C'est maintenant entre les mains du vérificateur général de la Ville de Montréal. C'est à lui de faire son travail. Et s'il estime qu'il a besoin de plus de temps pour compléter son enquête, il n'aura qu'à demander un délai supplémentaire au-delà du 18 juin», a dit l'attaché de presse du maire, Martin Tremblay.

Le maire Tremblay a refusé de commenter publiquement la sortie du vérificateur Michel Doyon, publiée dans La Presse d'hier, qui déclarait que c'était «prendre du monde pour des valises» que d'imposer un délai d'enquête aussi court pour faire la lumière sur le contrat des compteurs d'eau. Ce contrat, le plus important de l'histoire de Montréal, est estimé à 356 millions, sans compter l'inflation estimée à 80 millions.

 

L'attaché de presse du maire a rappelé que les ressources financières sont disponibles et que l'administration va dire «oui» aux demandes du vérificateur. «Il n'a qu'à chiffrer ses besoins financiers, et on va acquiescer», a ajouté Martin Tremblay.

Quant au successeur du vérificateur actuel, Jacques Bergeron, qui aura la tâche de mener à terme l'enquête, il entrera en poste le 4 mai afin d'être en mesure de prendre la relève au lendemain du départ de Michel Doyon, le 3 juin. Hier matin, M. Bergeron a indiqué à La Presse, par courriel, qu'il lui était impossible de commenter sa nomination avant d'entrer en poste. Il a par ailleurs précisé qu'il a déjà été «directeur principal, donc directeur d'équipe pour la pratique Contrôle et gouvernance des systèmes d'information Deloitte et Touche, pour le Québec. Une pratique sous la gouverne de trois associés.»

En raison des contrats de vérification qu'il a effectués au privé pour le compte du gouvernement fédéral, le futur vérificateur général de Montréal détient une cote de niveau «Secret», à l'image des agents du Service canadien du renseignement de sécurité et de ceux de la Gendarmerie royale du Canada. En vertu de cette cote, M. Bergeron peut avoir accès à des documents secrets du gouvernement pour une période de 10 ans. Mais elle ne s'appliquera pas à ses fonctions municipales. Notons qu'il existe deux niveaux de désignation de sécurité, Secret et Très secret, assortis d'un devoir de réserve.

À la Ville de Montréal, on a par ailleurs refusé de commenter la nomination de Jacques Bergeron, hier. Dans un document approuvé par les élus de la garde rapprochée du maire, mercredi, on apprend que le processus d'embauche a été annoncé à la mi-septembre. En novembre dernier, alors que le scandale sur les transactions à la Société d'habitation et de développement de Montréal avait déjà éclaté, et faisait l'objet d'une enquête, un premier jury de sélection a rencontré cinq candidats pour le poste.

Le choix final s'est arrêté en janvier dernier, après la tenue d'un deuxième comité de sélection, avec deux finalistes. Jacques Bergeron a été soumis à des tests psychométriques auprès d'un psychologue industriel externe. Son crédit, de même que son passé scolaire et judiciaire ont été regardés à la loupe. M. Bergeron détient un doctorat et un MBA de HEC Montréal.

Écho à Québec

Le contrat des compteurs d'eau a trouvé écho jusqu'à Québec, hier, où la ministre Nathalie Normandeau, des Affaires municipales, a été questionnée à ce sujet par l'opposition à l'Assemblée nationale.

«La responsabilité de confier un mandat au vérificateur général relève de l'administration de la Ville de Montréal, a dit Mme Normandeau, ce n'est pas de mes responsabilités. Cela étant dit, je prendrai connaissance en temps et lieu des recommandations et des conclusions qui seront formulées, et nous gouvernerons en conséquence.»