Des centaines de personnes ont manifesté hier contre la reconstruction de l'échangeur Turcot, dans le sud-ouest de Montréal. Ils exigent que le mégaprojet de 1,5 milliard soit revu de fond en comble, entre autres pour faire une plus grande place au transport collectif.

La vaste coalition regroupant écologistes, groupes communautaires, partis politiques et simples citoyens s'est mise en branle au métro Lionel-Groulx en début d'après-midi. Les manifestants ont pris l'échangeur d'assaut, défilant sur l'une des bretelles qui mènent à l'autoroute Ville-Marie.Certains ont brandi des carottes, enjoignant les autorités de faire preuve de plus de vision. D'autres ont utilisé des bâtons de hockey pour porter leurs banderoles. Tous ont dénoncé le mégaprojet, qu'ils disent «tiré des années 50».

«Avec un budget de 1,5 milliard, c'est possible de faire un projet qui intégrera les transports en commun dans le but de réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre des voitures», a déclaré Geneviève Locas, porte-parole du groupe Mobilisation Turcot.

Le ministère des Transports entend aménager des voies réservées aux autobus et aux trains de banlieue. Mais les manifestants souhaitent que le projet prévoie des investissements pour favoriser l'utilisation de ces méthodes de transport collectif.

«Comme la Société de transport de Montréal s'est fait sabrer son budget de 40 millions par la Ville de Montréal, quand vont-ils arriver, ces autobus-là?» demande l'écologiste Daniel Breton, l'un des instigateurs du groupe Québec-Kyoto.

Expropriations

Les groupes verts n'étaient pas seuls à manifester. Des dizaines de résidants du secteur ont joint leurs rangs pour dénoncer l'expropriation possible de quelque 250 ménages pour faire place au chantier.

Carole Thériault, qui habite rue Cazelais avec ses deux chiens, a récemment reçu une lettre du ministère des Transports l'avisant qu'elle pourrait devoir quitter son logement. «On n'est pas contre les autos, mais on est contre le fait que les autos prennent nos logements», a-t-elle dénoncé.

Si le projet va de l'avant dans sa mouture actuelle, le loft de Iannic Prévost, rue Saint-Rémi, risque aussi d'être rasé pour faire place à une voie d'accès. Le jeune homme se dit favorable à la réfection de l'échangeur, mais souhaite que les expropriations soient restreintes au strict minimum. «On n'est pas dans les années 40, avec des projets où l'on met des gens dehors», a-t-il résumé.

Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) tiendra ce soir et demain deux séances d'information pour présenter le projet aux habitants du Sud-Ouest. Le plan devrait être soumis à une consultation publique dans les semaines suivantes.