Le responsable des dossiers de transports à la Ville de Montréal, André Lavallée, presse le gouvernement du Québec d'agir rapidement en créant des voies réservées aux autobus, aux taxis et au covoiturage sur tout le réseau routier supérieur de la métropole, afin de réduire les coûts et les impacts de la congestion routière.

Dans un entretien avec La Presse, hier, M. Lavallée a estimé qu'une telle décision «aurait un rendement extraordinaire» dans le contexte d'incertitude économique actuel et se traduirait très rapidement par une diminution sensible des bouchons de circulation qui paralysent le tiers des voies autoroutières et des grandes artères de la métropole chaque jour, lors des périodes de pointe du matin et de la fin d'après-midi.

 

M. Lavallée réagissait ainsi à la publication d'une étude quinquennale publiée par le ministère des Transports du Québec (MTQ) sur l'état de la congestion routière dans la métropole, dont La Presse a résumé les grandes lignes, mardi. Selon cette étude du MTQ, la congestion récurrente des ponts, des autoroutes et des grandes artères de la métropole occasionne chaque année des coûts de 1,4 milliard de dollars aux usagers de la route, et des pertes de temps qui ont augmenté de 50% en seulement cinq ans.

Même si les principales victimes de ces pertes de temps dans la congestion sont les automobilistes des villes de banlieue, qui doivent franchir quotidiennement l'un ou l'autre des 15 ponts qui donnent accès à l'île de Montréal, ce sont surtout les autoroutes et les artères de Montréal qui sont congestionnées par le trafic de pointe du matin et de la fin de journée.

«Les rues, les artères sont encombrées, dit M. Lavallée. Quand on parle d'artères, on pense souvent au boulevard René-Lévesque qui est toujours congestionné en périodes de pointe, mais ça ne se limite plus à cela. Dans mon arrondissement (Rosemont), ce sont les rues Jean-Talon, Bélanger, Saint-Zotique, Beaubien et Rosemont qui se transforment toutes en collectrices.»

Pour endiguer ce phénomène, en progression constante depuis 15 ans, «Montréal a opté pour des investissements importants dans les transports en commun, explique-t-il. Le financement de ces infrastructures n'est pas attaché et nous devons attendre un signal de Québec avant de lancer des projets.»

«Mais dans l'immédiat, ajoute-t-il, je crois que Québec doit intervenir rapidement pour permettre de créer des voies réservées aux autobus, aux taxis et aux automobiles qui transportent au moins trois personnes, sur tout le réseau routier supérieur de Montréal. On a eu jusqu'à présent une attitude très prudente, pour ne pas dire peureuse, pour sensibiliser les gens à utiliser davantage les transports collectifs. Il faut maintenant changer la donne. Il faut agir sur la chaussée.»

Selon lui, l'aménagement de voies réservées aux autobus entre les villes de banlieue et Montréal pourrait se réaliser rapidement, et à des coûts raisonnables pour l'ensemble de la métropole. De tels aménagements, souligne-t-il, permettraient d'agir à double titre sur les effets de la congestion. D'abord, parce que ces voies réservées auraient comme impact direct de retrancher une voie de circulation sur chaque route d'accès à Montréal, diminuant ainsi le nombre des véhicules en circulation. La réduction des accès routiers aurait ensuite pour effet de convaincre plus d'automobilistes de changer leurs habitudes de déplacement pour des services d'autobus rapides et efficaces.