La Ville de Pointe-Claire vient d'adopter un règlement draconien contre les citoyens qui dérangent la période des questions au conseil municipal. Des amendes sont prévues: entre 300$ et 1000$ pour la première infraction et entre 500$ et 2000$ pour la seconde.

Ces amendes constituent un amendement au règlement PC-2712, en vigueur depuis 2006, qui régit le décorum de la période des questions à Pointe-Claire. Ainsi, les citoyens ne doivent pas avoir de pancartes ou d'affiches, ne doivent pas applaudir ni proférer ou lancer des propos injurieux ou déplacés. Ils ne doivent enregistrer d'aucune façon les séances du conseil et doivent obligatoirement appeler le maire par son titre. Pas «monsieur McMurchie» mais «monsieur le maire». Avec le nouvel amendement, le conseil s'est donné le droit de distribuer sur-le-champ à quiconque ne respecte pas le décorum une amende de 300 à 1000$.

 

La décision prise à l'unanimité du conseil municipal le 6 avril a créé un tel tollé que le maire Bill McMurchie a assuré La Presse que le règlement ne sera pas appliqué tout de suite. «Comme il y a eu des questions après la réunion du conseil et qu'il y avait un manque de clarté dans ce règlement, le conseil a décidé de ne pas mettre ce règlement en vigueur et de le réexaminer pour faire des modifications», a dit M. McMurchie à La Presse.

M. McMurchie ajoute que l'amendement était «approprié», mais il ne se souvient pas qui en a eu l'idée. Le journaliste du Chronicle, Raffy Boudjikanian, qui suit les séances du conseil de Pointe-Claire depuis plus d'un an, n'a jamais remarqué qu'elles étaient aussi houleuses qu'elles peuvent l'être parfois à Beaconsfield ou dans l'arrondissement montréalais de Pierrefonds-Roxboro. «C'est plutôt calme en général à Pointe-Claire», dit M. Boudjikanian.

Pour le citoyen Claude Arsenault, très engagé dans l'embellissement de sa ville, notamment grâce à la restauration du vieux moulin de Pointe-Claire, la décision du maire McMurchie et de ses conseillers est un «véritable abus de pouvoir» et risque d'avoir pour effet de décourager les citoyens de participer à la démocratie locale, voire de les inciter à se taire.

«En agissant de la sorte, en intimidant ses citoyens, en limitant le droit de parole et en bafouant la démocratie, cette façon de faire pourrait être considérée par les citoyens comme une attitude méprisante des élus de Pointe-Claire envers les citoyens, écrit M. Arsenault dans une lettre envoyée à La Presse. Ce règlement brime le droit des citoyens de s'exprimer librement. C'est l'essence même de la démocratie qui est fragilisée, c'est immoral. Les choses doivent changer à Pointe-Claire.»