La Ville de Saint-Lambert a envoyé de nouveau, hier matin, un huissier chez des citoyens qui avaient fait une demande d'accès à l'information à leur municipalité. Les deux citoyens, dont la directrice de la Maison des arts Rive-Sud, faisaient une telle demande «pour la première fois de leur vie». Ils ne comprennent pas la stratégie de l'administration municipale.

«Je demeure à Saint-Lambert depuis 59 ans et c'est la première fois que je demandais une information à la greffière, a dit à La Presse Louise D'Aoust, directrice de la Maison des arts Rive-Sud. Faut le faire! Envoyer un huissier à 7h du matin. Cette administration tente de couper la parole à tout le monde. Je ne sais pas quel type de démocratie ils exercent, mais je ne la comprends pas.»

 

Connue à Saint-Lambert pour se battre depuis des années pour y créer une maison de la culture, Mme D'Aoust avait demandé la liste des organismes subventionnés par la Ville en 2009 et la somme qu'ils avaient reçue. «Comme réponse, j'ai eu l'huissier. Je trouve ça complètement absurde. D'autant que ce n'est pas une recherche bien approfondie pour avoir ces documents. On se croirait sous le régime Poutine.»

L'autre citoyen est Claude Moranville. «À 7h15, un huissier est arrivé chez moi pour me remettre un gros document, une requête amendée pour autoriser à ne pas tenir compte des demandes d'accès abusives en raison de leur caractère systématique», dit-il. Il voulait savoir combien Saint-Lambert a dépensé ces dernières années pour payer les firmes de communications BCP et Réseau Garp. M. Moranville va contester la décision de Saint-Lambert à la Commission d'accès à l'information.

La Presse a appris que M. Moranville est le conjoint d'Édith Lemieux, une citoyenne qui pose régulièrement des questions aux réunions du conseil municipal. Elle est aussi membre du Comité Saint-Lambert Vert. Ce sont des membres du CSLV qui ont fait l'objet d'une visite d'un huissier en mars, une décision prise par la directrice générale de Saint-Lambert, Michèle V. Lortie, qui estimait, comme le maire Sean Finn, que ces citoyens engorgeaient le service du greffe. Le CLSV avait fait globalement moins de trois demandes de documents par mois.

La Ville de Saint-Lambert est actuellement en pleine effervescence à cause du référendum sur le plan d'urbanisme que l'administration Finn-Lortie organisera le 3 mai. Réagissant à cet autre envoi d'un huissier contre des citoyens, le Comité du Non de ce référendum s'est « indigné de la poursuite des manoeuvres d'intimidation de l'administration Finn ».

« La Coalition du Non demande à l'administration Finn de mettre fin immédiatement à ces procédures outrancières, a fait savoir son porte-parole Jean-Claude Champagne. Elle considère que ces mesures visent à brimer le droit fondamental à l'information de tous les citoyens en plein coeur d'une campagne référendaire importante pour l'avenir de Saint-Lambert. »

Le conseiller d'opposition, Martin Croteau, s'est joint à la Coalition du NON, tout comme la conseillère Jill Lacoursière, qui avait critiqué l'envoi d'un huissier en mai dernier.

Le maire Finn a refusé de répondre à nos questions sur le sujet, hier, et Mme Lortie n'a pas répondu à nos demandes d'explications.