Les voitures taxis étaient rares ce matin au centre-ville de Montréal. Un cortège formé par plus de 1000 chauffeurs a pris la route vers l'aéroport Montréal-Trudeau pour protester contre une modification du système d'attribution des permis à l'aéroport par Aéroports de Montréal (ADM).

Selon le mécanisme en place depuis 1993, seulement 290 voitures de taxi et 70 limousines peuvent desservir l'aéroport. Des permis spéciaux sont attribués aux propriétaires de taxis selon une formule de tirage au sort. Les gagnants doivent payer 2600$ par année (6000$ s'il s'agit d'une limousine) pour obtenir le privilège de cueillir les clients à l'aéroport. Selon un appel d'offres émis au début du mois de mars, la société Aéroports de Montréal souhaite maintenant revoir cette formule et confier à une entreprise privée le soin d'attribuer les permis. Selon les propriétaires de taxis, cet éventuel partenaire devra verser deux millions de dollars en redevances par année à Aéroports de Montréal, alors que les permis spéciaux payés par les chauffeurs de taxis et de limousines rapportent actuellement à l'organisme 900 000 dollars par année.

Inévitablement, le fait de confier la gestion des permis à une entreprise privée aura un effet à la hausse sur le prix des permis, affirment les chauffeurs. «Faux», réplique Aéroports de Montréal. «Nous cherchons à établir un partenariat avec une compagnie de gestion parce que nous voulons améliorer le service pour la clientèle de l'aéroport Trudeau. À l'heure actuelle, il y a des périodes où les clients attendent longtemps pour un taxi. Il faut donc davantage de voitures, et s'il y a davantage de voitures qui paient pour le permis, le coût de chaque permis ne sera pas revu à la hausse», affirme le vice-président à l'exploitation de d'Aéroports de Montréal, Normand Boivin.

Avec l'appel d'offres lancé par ADM, il n'est pas clair si l'organisme maintiendra le principe du tirage au sort. «Nous n'avons eu aucune discussion avec ADM au sujet de la nouvelle formule qu'elle souhaite imposer, déplore Me Normand Painchaud, l'avocat qui représente 4000 des 4445 propriétaires de taxis montréalais. Les seuls contacts que nous avons eus ont été laconiques et infructueux. ADM nous a seulement dit, avec une certaine condescendance, de ne pas nous inquiéter.»

Chose certaine, les chauffeurs veulent à tout prix maintenir la formule de tirage au sort. «Cette formule est équitable pour tous les chauffeurs. La seule façon d'éviter l'arbitraire», soutient Me Painchaud.

La direction d'Aéroports de Montréal dit cependant vouloir étudier toutes les avenues possibles pour offrir une meilleure desserte. «Ça pourrait être une toute autre formule. Les chauffeurs de taxi pourraient utiliser un système de jetons, ou encore payer 1 ou 2$ par course faite à l'aéroport. Il y a une foule de formules utilisées partout dans le monde et ce n'est pas à nous de décider laquelle est la meilleure. Tout ce que nous demandons, c'est qu'un gestionnaire - ca peut être une compagnie de taxi - nous propose une solution qui améliorerait le service aux clients», indique le vice-président à l'exploitation.

Selon ADM, 1,1 million de courses sont faites chaque année à partir de l'aéroport. Ce nombre était en hausse de 5% en 2008 par rapport à celui enregistré en 2007.

L'imposant cortège est parti vers 10h30 du Technoparc, à Montréal, et s'est dirigé vers l'aéroport. Les chauffeurs ont fait le tour du rond-point Dorval et sont revenus au centre-ville sans déranger les activités de l'aéroport.