Les arrondissements devront soumettre d'ici le 18 mars un plan de compressions à la ville centre pour un total de 20 millions. La Presse a fait le tour des 19 arrondissements, hier. Les maires contactés ne savent vraiment pas où ils vont bien pouvoir couper sans que cela n'affecte les services donnés à la population...

Il y a deux sortes d'arrondissements à Montréal: ceux qui ont les reins encore un peu solides, entendre «des surplus» malgré les tempêtes de neige de 2008, et les autres qui, pour de multiples raisons, souffrent le martyr pour éviter la dialyse.

 

Comme le maire Gérald Tremblay compte sur la raison pour amener les arrondissements à s'entendre, des dents vont grincer. Même à Anjou où le maire Luis Miranda est le responsable du Développement économique de Montréal, l'inquiétude règne. «On a eu un déficit d'un million en 2008, dit-il. On ne comptera pas sur les autres, mais on a déjà une taxe. Je ne peux pas adopter une autre taxe spéciale. Je ne sais pas comment on va faire. Je n'écarte pas des coupes. Tout est sur la table.»

Même chose dans Sud-Ouest où la mairesse Jacqueline Montpetit dit qu'elle n'a aucune marge de manoeuvre. Son déficit 2008 est de 1,3 million. Et plus aucune réserve. «On est allé tout chercher, dit-elle. C'est avec des tours de force énormes qu'on a toujours géré. Mais on est sous-doté depuis 2001. On vit très modestement et on calcule toutes nos cennes noires.»

Mme Montpetit ne baisse pas les bras. Hier, les élus ont évalué la situation. «Ça va être difficile mais on ne touchera pas les services, dit-elle. Les piscines, les parcs, les bibliothèques, c'est important pour beaucoup de gens démunis. Ils n'ont pas de piscines dans leur cour ou de bibliothèque chez eux.»

Dans Villeray-Saint-Michel-Parc Extension, la mairesse Anie Samson est excédée de n'avoir toujours rien reçu de la part de la ville centre au sujet des coupes. Elle dit qu'il n'y a pas de gras à couper dans son arrondissement déjà amputé de 1,9 million pour les trois prochaines années.

«On n'a pas de surplus. On est dans la dèche. On fait partie des arrondissements pauvres. Ça a l'air que notre cible est de 1,1 million à couper. Comment on fait sans toucher aux services? Impossible. On nous pousse à adopter une taxe. Cette administration est inconsciente de la réalité.»

Arrondissements moins en difficulté

Parmi les arrondissements moins en difficulté, il y a Verdun. Son surplus accumulé est de 5,6 millions. Mais le maire Claude Trudel ne veut pas en parler. À Saint-Laurent, par contre, on ne refuse pas d'aborder la question. Mais ne dites pas à son maire, Alan DeSousa, que son arrondissement est riche. Ça le fâche! «Notre surplus de 2008 n'est que très léger, environ 300 000$, à cause des dépenses de 5 millions en plus pour le déneigement, dit-il. Mais on va être solidaire avec les autres arrondissements pour trouver des solutions. Pas parce qu'on est riche, mais parce qu'on doit faire notre effort.»

Lachine n'est pas trop mal loti. Actuellement à Victoria où il représente le Québec à une réunion de la Fédération canadienne des municipalités, le maire Claude Dauphin a dit à La Presse hier qu'il a demandé de préparer des scénarios. «On a eu un petit surplus d'un million en 2008, alors, des projets moins urgents seront reportés.» M. Dauphin en profite pour dire que Montréal considère avec sérieux les impacts de la crise qui frappe plus fort ailleurs. «Imaginez-vous que des villes de l'Alberta se dirigent vers des déficits alors qu'elles ont augmenté leurs taxes ces dernières années.»

Dans Pierrefonds, où le surplus 2008 atteint presque un million, la mairesse Monique Worth dit qu'il y aura des coupes de 2,5% dans la masse salariale. «Des arrondissements sont plus fragiles que d'autres, nous on a une saine gestion financière.»

Dans Rosemont-La Petite-Patrie, André Lavallée va retarder des projets. Les «modifications apportées à des façons de faire» par son administration portent fruits au bon moment. Il n'y aura pas de coupe dans les services. «En 2008, on a eu un tout petit déficit ou un tout petit surplus, je ne me souviens plus, dit-il. Mais on n'a pas de surplus à distribuer à personne. On a déjà certains manques. Il faudra faire preuve d'innovation.»

Enfin, à Outremont, la mairesse Marie Cinq-Mars dit que ses directeurs se sont vus confier l'objectif de couper 2,5% de leurs budgets respectifs et de lui dire quels seront les impacts sur les citoyens. «On va faire tout notre possible pour qu'il n'y en ait pas.»

Pour joindre notre journaliste: eric.clement@lapresse.ca