N'ayant pas anticipé que la crise économique serait aussi grave, le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a annoncé des compressions majeures, hier: 155 millions supprimés en 2009 pour équilibrer le budget municipal, dont 40 millions sabrés dans le seul budget de la Société de transport de Montréal (STM).

Comme les gouvernements du Québec et du Canada ne financent toujours pas suffisamment la Ville, le spectre d'une hausse de taxes revient hanter la municipalité en 2010 et même peut-être dès cette année dans certains arrondissements, avertit le chef de l'opposition, Benoit Labonté.

 

Le maire avait le profil bien bas, hier, en conférence de presse. «Notre plus grande réalisation est de gérer avec rigueur», a-t-il commencé. Mais la crise l'a rattrapé... Son administration avait anticipé une augmentation des coûts des caisses de retraite de 6%. En fait, c'est 20%. Coût: 30 millions. Même chose avec les intérêts que la Ville perçoit sur ses liquidités d'un milliard. Avec un taux d'intérêt au ras des pâquerettes, Montréal a déjà perdu... 25 millions. Et tout est à l'avenant, la baisse anticipée des revenus des droits des mutations, celle des permis de construction, etc.

Comme le maire attend toujours de MM. Charest et Harper l'argent nécessaire pour à la fois financer correctement les transports en commun et entamer les travaux d'infrastructures promis haut et fort en janvier par les conservateurs, la Ville n'a pas le choix d'agir sans attendre.

Quelque 95 millions sont donc générés immédiatement avec plusieurs décisions: masse salariale de la Ville réduite de 2%; honoraires professionnels encourus avec des firmes externes réduits de 30%; gel du salaire des élus; gel de l'embauche et non-comblement des postes vacants au sein de la fonction publique.

Sur les 60 millions restants à trouver, quarante concernent la STM (voir texte ci-dessous). De plus, comme La Presse l'annonçait hier, les arrondissements vont aussi devoir racler leurs fonds de tiroirs: 2,5% de leur budget total va y passer. Le maire, qui promet que les services ne seront pas réduits, a créé un comité du budget composé du président du comité exécutif, Claude Dauphin, du responsable des Finances, Sammy Forcillo, et du directeur général de la Ville, Claude Léger.

Tous trois vont «concevoir un plan de rationalisation dans les plus brefs délais» et «discuter» avec les arrondissements pour dégager 20 millions d'économies. Le maire a dit que les arrondissements ne seront peut-être pas tous touchés, sous-entendant que les plus pauvres seront peut-être épargnés... si les plus riches font un effort supplémentaire. Ce qui a fait dire à Benoit Labonté qu'il a «hâte de voir quels arrondissements vont se porter volontaires!»

C'était d'ailleurs un bon jour pour Benoit Labonté, hier. Sans le claironner, il a tout de même glissé qu'il avait prévenu l'automne dernier l'administration municipale qu'elle était trop timide par rapport aux rafales que la crise laissait deviner. Lors de la présentation du budget 2009, le 26 novembre, le chef de Vision Montréal avait tourné en dérision la somme de 11,8 millions prévue par la Ville pour affronter les fluctuations des marchés financiers.

«Comme si le maire pensait qu'il y avait un microclimat économique et financier au-dessus de Montréal, avait alors dit M. Labonté. Québec a augmenté ses taxes de 9%. Ces 11,8 millions font de nous la risée des marchés mondiaux.»

Hier, M. Labonté a condamné le fait que l'administration Tremblay-Dauphin ait été «en mode réaction» plutôt que d'avoir préparé le terrain. «Maintenant, on va attaquer directement le nombre et la qualité des services dans les arrondissements, les heures d'ouverture des bibliothèques, les patrouilles policières, etc. Sans compter que l'administration n'a proposé aucun plan d'action pour sortir de la crise.»

M. Labonté affirme que si l'administration avait appliqué la médecine qu'il a administrée dans Ville-Marie, soit de réduire de 5% le budget «sans supprimer de postes, de programmes ou de services», la Ville de Montréal aurait pu dégager 200 millions par an. Cela aurait évité, dit-il, que des arrondissements soient peut-être forcés d'adopter dès cette année de nouvelles taxes spéciales et que des hausses de taxes interviennent en 2010... après les prochaines élections municipales.