Malgré la crise économique, la Ville de Montréal veut assumer pleinement son statut de ville de design et participer à l'éclosion de nouveaux talents: elle a annoncé hier une très ambitieuse stratégie, Montréal Style libre, qui vise à promouvoir la métropole en tant que centre international de créateurs de mode.

Pour asseoir cette stratégie, la Ville puisera 2,4 millions sur trois ans dans l'enveloppe de 140 millions dégagée l'an dernier par Québec pour lui permettre de développer des projets «stratégiques». Déjà, le gouvernement du Québec avait mis sur pied il y a deux ans une Stratégie de l'industrie québécoise de la mode et du vêtement, investissant 82 millions.

 

Montréal Style libre consistera à appuyer les événements déjà existants, comme la Semaine de la mode, et à en créer un nouveau au retentissement international. Une identité visuelle pour les manufacturiers, les créateurs et les détaillants sera conçue, une stratégie web développée et un Bureau de la mode et du vêtement mis sur pied pour coordonner les projets de création.

La stratégie n'a pas la prétention de concurrencer Paris, Milan ou New York dans le domaine de la haute couture, a précisé le maire Gérald Tremblay, lors d'une conférence de presse. «Mais plutôt à s'en distinguer», a-t-il dit, regrettant que le dynamisme montréalais dans le domaine de la mode soit peu connu et rappelant que ce sont «nos designers qui ont, par exemple, habillé Lara Croft en novembre dernier».

Un vivier de créateurs

Montréal Style libre arrive après que des créateurs de mode eurent demandé que «ça bouge». Cité par le maire, le designer Helmer Joseph avait estimé que Montréal manquait «de synergie» en création. «Montréal doit devenir un vivier de jeunes créateurs», avait déclaré le touche-à-tout montréalais des métiers de la haute couture.

Un des fondateurs de l'École supérieure de mode de Montréal, Frédéric Metz, avait aussi critiqué dans les pages du Devoir, hier, le manque de dynamisme du secteur de la mode. «On a des gouvernements chiches, disait-il. Il y a toujours des bagarres de paliers, le milieu vit encore des chicanes internes. Il y a cette mauvaise habitude de ne jamais s'entendre sur rien, de ne jamais aller dans un esprit unique.»

Après avoir pris connaissance de la nouvelle stratégie, M. Metz s'est réjoui de l'annonce. «Il doit y avoir de la promotion et il doit y avoir du fric pour la créativité et la manufacture, dit-il. Le trio, c'est les idées, la conception-fabrication et la promotion. L'un ne va pas sans l'autre. Cette annonce, ce sont des pas qui ne devraient même pas être annoncés. Ce sont des choses qui devraient être là depuis toujours comme ça s'est toujours fait à Paris. Mais en ce moment, il y a un souffle positif et tant mieux si l'on réussit dans ce domaine-là.»

La chambre de commerce du Montréal métropolitain a également applaudi l'annonce de cette stratégie. «Nous endossons l'approche de la stratégie qui mise sur la collaboration des principaux acteurs de l'industrie pour permettre la prise d'initiatives favorables à l'ensemble du secteur, a déclaré son président, Michel Leblanc, par voie de communiqué. Cette façon de faire, qui n'est pas sans rappeler celle de nos grappes industrielles, est porteuse de succès pour cet autre secteur important de l'économie de la métropole.»