La crise financière aura inévitablement des répercussions sur les finances de la Ville de Montréal. Selon ce qu'a appris La Presse, l'administration Tremblay-Dauphin envisage de réduire une nouvelle fois ses dépenses. La poursuite du gel d'embauche est au programme, mais aussi d'autres coupes visant élus et cadres. Ces compressions pourraient atteindre 100 millions de dollars.

Vendredi dernier, lors d'une réunion des élus d'Union Montréal (le parti de Gérald Tremblay), on a présenté un portrait de la situation aux conseillers municipaux présents. La crise financière fait mal. Bien des revenus que la Ville espérait ne garniront pas ses goussets. Plusieurs options ont été évoquées, et on a mis au point un plan de contingence.

Pour faire face à ces difficultés, la Ville pourrait prolonger le gel d'embauche déjà en vigueur et appliquer d'autres gels et coupes dans différents secteurs. La centaine de millions de dollars qui pourraient ainsi être récupérés s'ajouterait aux 300 millions de dollars que la Ville compte aller chercher dans le cadre d'un vaste programme de compressions.

Mais, selon nos sources, les options ne sont pas encore définitives. «Des éléments seront encore discutés dans les jours à venir, indique une source. Ces mesures de gel pourraient être combinées à d'autres mesures. Une réflexion complète doit être faite.»

Une autre source indique que le maire «a laissé la porte ouverte». Il faut en effet que les conseillers membres du comité exécutif de la Ville parviennent à un consensus. Celui-ci pourrait être atteint mercredi, à la prochaine réunion du comité.

Le directeur général de la Ville de Montréal, Claude Léger, a déjà donné le ton. Il a pris de court les directeurs généraux des 19 arrondissements montréalais, jeudi dernier, en les informant qu'il souhaitait les rencontrer le lendemain.

Ceux qui se sont rendus à l'hôtel de ville ont appris que la Ville devait prendre certaines mesures de restriction financière. Selon une source, ces mesures toucheront davantage la ville centre que les arrondissements.

L'automne dernier, le conseiller municipal Sammy Forcillo, responsable des Finances à la Ville, avait déclaré qu'il ne savait pas si les caisses de retraite des employés municipaux seraient très frappées par la crise financière mondiale. Il pensait que les investissements étaient assez diversifiés pour se prémunir contre des conséquences graves.

«S'il y a des ajustements à faire, ils seront faits ou amortis sur plusieurs années, disait-il. Mais il est prématuré d'en déterminer l'ampleur. Je ne sais pas comment le marché va varier, je n'ai pas de lunettes roses.»

Une «RASOP» 2?

Cette nouvelle vague de compressions constituera-t-elle une deuxième RASOP, la Revue des activités, services, opérations et programmes, que la Ville avait mise en branle à l'été 2006? L'objectif est de générer 300 millions d'économies et d'abolir 1000 postes en trois ans, d'ici à la fin de 2009.

Quand l'ex-grand argentier de la Ville, Frank Zampino, a quitté son poste en juillet dernier, 200 millions avaient déjà été économisés et 560 postes supprimés, ce qui lui avait valu, ainsi qu'au maire Tremblay, des félicitations appuyées du premier ministre Jean Charest.

Mercredi dernier, les membres du comité exécutif ont autorisé un virement budgétaire de 222 661$ pour le financement du poste de directeur général associé, «nécessaire à la poursuite du projet d'optimisation des ressources nommé RASOP», selon le communiqué de la Ville.

La précarité des marchés et la déroute financière de la Caisse de dépôt et placement du Québec montrent combien la situation s'est fragilisée depuis novembre.

«Une administration responsable et rigoureuse comme la nôtre a le devoir de suivre l'évolution du contexte financier mondial qui, on le sait, est difficile et en constante évolution, a affirmé l'attachée de presse du maire Tremblay, Renée Sauriol, vendredi. Ne pas le faire, ce serait totalement irresponsable. Les villes du Canada et même du monde ne sont pas isolées par rapport à cette situation. Alors on suit le contexte économique et notre cadre financier de près afin de maintenir le développement de la métropole et les services aux citoyens.»

Pour l'instant, aucune décision n'est arrêtée, ajoute Mme Sauriol, qui assure que la Ville ne fera pas d'annonce à ce sujet cette semaine. «La réflexion se poursuit», dit-elle.