Le ministère des Transports du Québec (MTQ) a donné le feu vert à des travaux d'amélioration majeurs de plus de 20 millions sur la voie ferrée utilisée par le train de banlieue de Saint-Jérôme/Blainville, ouvrant la voie au prolongement de cette ligne jusqu'à Mirabel.

Selon des documents obtenus par La Presse, les investissements de 19 millions du MTQ permettront à l'Agence métropolitaine de transport (AMT) de doubler la voie ferrée sur une distance de sept kilomètres, à Laval, entre les gares de Sainte-Rose et Saint-Martin. Le projet prévoit aussi la modernisation des aiguillages et de la signalisation du chemin de fer du Canadien Pacifique (CP) entre la gare du Parc, au coeur de Montréal, et le garage des trains, à Saint-Jérôme.

En plus d'être un préalable à toute augmentation du nombre des trains de banlieue circulant sur cette voie ferrée, et à un éventuel prolongement du train de Saint-Jérôme/Blainville jusqu'à Mirabel, la réalisation de ces travaux représente aussi une étape essentielle pour un autre projet majeur, qui épargnerait de longs détours inutiles aux usagers de cette ligne.

L'AMT ambitionne en effet de connecter cette ligne de train à un tunnel qui passe sous le mont Royal, et qui donnerait directement accès à la Gare centrale, au centre-ville de la métropole. Le coût de ces travaux d'envergure, qui prévoient la construction d'un nouveau tunnel de 250 mètres entre la gare Parc et le tunnel du mont Royal, a été sommairement estimé entre 40 et 70 millions, environ. Ce projet n'en est encore qu'au stade des études.

Dans son dernier plan d'immobilisations, l'AMT estime que les travaux, qui ont été autorisés il y a moins de deux semaines par Québec, permettront à terme d'augmenter de 75% la clientèle potentielle du train de Saint-Jérôme/Blainville, dont l'achalandage plafonne, et ce, depuis des années, entre 9000 et 10 000 usagers par jour.

Selon les estimations budgétaires de l'agence, les travaux prévus sur les infrastructures de la ligne de Saint-Jérôme/Blainville pourraient coûter jusqu'à 26 millions.

Après les travaux de prolongement qui ont permis d'amener cette ligne de train jusqu'à Saint-Jérôme, en 2007, il s'agit du plus gros investissement jamais réalisé dans ce corridor de transports en commun depuis la création du service, en 1996.

Solution «temporaire»

Créée comme solution de rechange «temporaire » aux embouteillages causés par la réfection d'un pont, il y a 13 ans, le train de banlieue de Blainville a connu un succès immédiat, et une clientèle fidèle qui s'est multipliée au point où l'offre de service n'a jamais vraiment suffi pour répondre à la demande.

Au fil des saisons, la croissance foudroyante de la clientèle, qui grimpait par moment de 15 à 20% par année, a été longtemps satisfaite par un nombre limité de départs quotidiens, et l'utilisation de voitures construites à une époque où la plupart de leurs usagers n'étaient pas nés.

Selon un document, les investissements totaux du MTQ dans cette ligne de train de banlieue n'ont pas dépassé 54 millions sur une période de 10 ans, entre 1996 et 2006.

Après le prolongement de la ligne jusqu'à Saint-Jérôme, commencée en 2006, le CP a réalisé une étude concluant qu'il serait impossible d'augmenter le nombre des trains de passagers sur cette ligne de chemin de fer, en raison des trains de marchandises qui utilisent les mêmes voies et des vieux équipements de signalisation et d'aiguillage.

C'est ainsi qu'en janvier dernier, quand l'AMT a ajouté 76 départs sur son réseau de trains, une seule des cinq lignes ne bénéficiait d'aucune amélioration de service: Blainville/Saint-Jérôme.

Les travaux autorisés par le MTQ permettront l'aménagement d'une voie d'évitement, à hauteur de Sainte-Thérèse et Blainville. La présence de cette voie permettra de contourner des obstacles pouvant entraver le passage du train de banlieue (convoi de marchandises en arrêt, locomotive en panne).

Le doublement des voies, entre les gares Sainte-Rose et Saint-Martin, à Laval, permettra d'éviter les conflits de passage entre les trains de banlieue et les trains de marchandises.

La mise en place d'un «système de signalisation automatique à commande centralisée, permettant de commander à distance les aiguillages motorisés», sur l'ensemble de la ligne, permettra de mieux synchroniser les mouvements de tous ces trains dans une portion très fréquentée du réseau du CP.