L'administration municipale de Saint-Lambert a connu toute une désillusion, mercredi, alors qu'un grand nombre de citoyens en désaccord avec son nouveau plan d'urbanisme ont bloqué un règlement de zonage. Du coup, la population lambertoise devra se prononcer sur ce plan dans un référendum, le 3 mai.

Des Lambertois ne veulent pas voir leur ville changer avec la construction d'immeubles en hauteur qui vont, à tout le moins, contraster avec le côté enchanteur de leurs petites maisons. Ainsi, malgré le froid et l'attente nécessaire pour exprimer leur point de vue, 779 citoyens se sont déplacés à l'hôtel de ville mercredi, entre 9h et 19h, pour signer le registre prévu par la loi. Même s'il n'y avait que deux personnes pour recueillir leur signature dans la salle du conseil, inébranlables et décidés, ils ont attendu patiemment leur tour, parfois pendant une heure, dans les couloirs de la mairie.Il fallait au moins 500 signatures pour bloquer ce plan adopté par le conseil municipal le 10 septembre dernier. Des opposants, dont des architectes et des ingénieurs membres de l'organisme Comité Saint-Lambert Vert (CSLV), s'étaient mobilisés pour que ces 500 signatures soient réunies.

Le CSLV, qui avait demandé en vain au conseil municipal de «retourner à ses planches à dessin», a utilisé l'internet et distribué des milliers de tracts dans les rues afin de convaincre les citoyens de venir exprimer massivement leur désaccord avec ce plan. Le comité estime en effet qu'il va nuire au patrimoine, qu'il ouvre la voie à des «tours de six à huit étages» près du centre-ville, et qu'il éradiquera des espaces verts tout en augmentant la circulation automobile locale.

Développement contesté

Pour le maire de Saint-Lambert, Sean Finn, les secteurs où il y aurait un maximum de huit étages sont actuellement «déstructurés» et méritent, selon lui, d'être mis en valeur. Il estime que ce nouveau plan respecte «la base de la qualité de vie des Lambertois» et permettra «d'assurer le développement économique de la Ville». C'est en tout cas ce qu'indique le site internet de Saint-Lambert, car M. Finn, invité à commenter davantage, n'a pas rappelé La Presse, hier.

«Le message est sans ambiguïté, a dit de son côté Jean-Claude Champagne, porte-parole du CSLV. En signant le registre, les citoyens ont massivement rejeté un développement urbain qu'ils jugent en totale contradiction avec leurs valeurs.» Le CSLV souhaite que l'administration prenne acte «de cette désapprobation claire et, dans le respect de la tradition lambertoise», retire son projet pour préparer un nouveau plan.

«Investir 150 000$ dans un processus référendaire comme le souhaite la Ville n'est pas nécessaire. Que faut-il de plus à l'administration Finn-Lortie pour comprendre que son projet de refonte ne suscite pas l'adhésion des citoyens?» ajoute M. Champagne.

«Nous respectons la volonté des Lambertois qui, en signant le registre, ont souhaité soumettre les modifications à la réglementation d'urbanisme à l'ensemble de la population de Saint-Lambert», a toutefois mentionné le maire Finn, hier, par l'intermédiaire d'un bref communiqué. Le conseiller de l'opposition Martin Croteau a dit à La Presse qu'il ne comprend pas «l'entêtement du maire» d'organiser un référendum. Selon lui, cette décision était déjà prise par le maire. «S'ils sont à l'écoute de la population, le maire et la directrice générale, Michèle Lortie, pourraient utiliser les 150 000$ que coûtera le référendum à d'autres fins, dit M. Croteau. Car les citoyens ne désirent pas un immeuble de huit étages en face d'une garderie, comme ce serait le cas dans mon quartier.»