Devant les pressions de la Société Radio-Canada, qui désire transformer son site du centre-ville en vaste projet résidentiel, le gouvernement du Québec étudie l'idée de carrément transformer l'autoroute Ville-Marie en tunnel. Au cours des prochaines semaines, un appel d'offres sera lancé par le ministère des Transports (MTQ), afin de connaître la portée technique du recouvrement en entier des tranchées.

Au ministère, où on se penche sur le dossier, Mario St-Pierre, porte-parole, explique qu'il faut déterminer si la structure actuelle de l'autoroute est assez forte pour supporter un plafonnement complet. Il faudra aussi analyser les possibilités de ventilation obligatoire, avec le personnel nécessaire à la sécurité de l'aménagement d'un tel tunnel. «Ça paraît simple comme ça, au premier regard, mais il s'agit de tout un défi technique.»

 

Dans la foulée du mégaprojet de transformation de la rue Notre-Dame, un responsable du projet au MTQ, Jean-Marc Desrochers, a déjà indiqué à La Presse qu'une somme de 100 millions serait nécessaire au recouvrement de l'autoroute sur une distance de 1,5 kilomètre. Une fois construite, ce genre de «dalle-parc» n'aurait toutefois pas la capacité portante pour accueillir une nouvelle construction d'immeuble.

Or, entre la rue Saint-Urbain et le pont Jacques-Cartier, une dizaine d'hectares font l'envie de plusieurs promoteurs. La direction du Palais des congrès arrive en tête de lice avec son désir d'agrandir depuis des années, vers l'est, afin de rester compétitif sur le marché des foires et grands événements. En comparaison, le centre des congrès de Toronto a cinq fois la taille de celui de Montréal.

«Le projet d'agrandissement fait maintenant partie de nos conversations quotidiennes, a confirmé Chrystine Loriaux, directrice des communications du Palais des congrès de Montréal, hier. Nous n'en sommes pas à l'étape d'établir la superficie requise, mais on sait qu'il nous faudrait au moins un auditorium, une autre salle d'exposition et une autre salle plénière.»

Au total, 1,5 million de dollars seront consacrés par le gouvernement à des études de faisabilité en partenariat avec la Ville de Montréal. L'administration Tremblay se porte pour sa part garante des volets d'aménagement urbain, notamment de la circulation. À ce sujet, des études ont déjà démontré qu'un développement immobilier massif, avec l'implantation du futur CHUM, entraînerait des problèmes aigus de circulation. De là les impératifs de construction de la navette entre l'aéroport Montréal-Trudeau et le centre-ville, de même que la mise sur les rails du tramway.

«On a déjà étudié la possibilité de recouvrir partiellement les tranchées de l'autoroute, mais c'est la première fois qu'on se pense sur la construction d'un tunnel plus à l'est, a ajouté André Lavallée, qui pilote le dossier au comité exécutif de la Ville. Mais il faudra ensuite déterminer les coûts. Et pour l'instant on n'en a aucune idée. Ce qui est certain, c'est qu'on va tenir compte de toutes les études qui ont déjà été réalisées.»

De son côté, le chef de l'opposition et maire de Ville-Marie, Benoit Labonté, qui a déjà commandé des études urbanistiques de recouvrement de l'autoroute, estime qu'on en est rendu à l'étape de «la volonté politique».

«C'est dommage, mais ça ne fait actuellement même pas partie de la liste des projets d'infrastructures du maire Gérald Tremblay qui sont soumis au premier ministre Harper cette semaine. L'occasion est pourtant là, et on est en train de la manquer. Il est clair que ce sera l'un de mes engagements aux prochaines élections municipales», a-t-il ajouté.

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